Dans un contexte marqué par la politique commerciale agressive et les tensions provoquées par les mesures d’expulsion de l’administration Trump, ce sommet est une tentative de la région de construire une réponse collective face au monde voulu par les États-Unis.
Une organisation régionale méconnue
La CELAC est la successeure du Groupe de Rio et du Sommet latino-américain et caribéen sur l’intégration et le développement (CALC). Elle se présente comme une instance intergouvernementale de dialogue et de coordination politique, regroupant les 33 pays d’Amérique latine et des Caraïbes. Ce forum régional, unique en son genre, rassemble l’intégralité des États de la zone géographique. Son objectif central est d’offrir une plateforme unifiée et institutionnalisée pour faciliter la prise de décisions politiques et renforcer la coopération, dans le but d’alimenter les dynamiques d’intégration régionale.
Fondée avec l’ambition de stimuler une unité progressive tout en respectant les diversités politiques, économiques, sociales et culturelles de la région, la CELAC incarne un équilibre délicat entre harmonisation et pluralité. Elle représente un espace où les 650 millions d’habitants de l’Amérique latine et des Caraïbes cherchent à concilier leurs spécificités nationales avec des aspirations communes, dans un monde marqué par une multilatéralité de plus en plus prononcée.
Cette volonté coopérative s’illustre autour de différents programmes de développement. En matière d’éducation, la CELAC a été à l’initiative d’un plan de modernisation du système éducatif et des équipements. Le projet a permis de fournir aux élèves, de l’école primaire à l’université, une tablette numérique.
L’organisme régional entend bien aussi rattraper son retard en matière d’industrie aérospatiale en mettant en commun leur savoir. Lors du sommet de 2021, au Mexique, a été créée l’Agence spatiale latino-américaine et caribéenne (ALCE) pour coordonner l’exploration spatiale dans la région. Projet qui a notamment été rendu possible grâce aux investissements de Pékin.
Un IXe sommet important
Ce sommet se positionne donc comme un effort collectif de la région pour opposer une réponse coordonnée à Washington. Mais qu’en est-il réellement ? Puisqu’en effet, la CELAC a en son sein une multitude d’États dont les visions divergent.
Le président de la République bolivarienne du Venezuela, Nicolás Maduro, a déclaré en réunion que « la CELAC est confrontée au défi historique de se réinventer en tant que bloc régional face à l’offensive impérialiste » et a défini la CELAC comme « un espace vital pour l’unité latino-américaine face aux agressions extérieures ». Cet appel unitaire semble avoir été entendu parmi les puissants de l’organisation. La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a défendu Cuba et le Venezuela, soulignant que les blocus commerciaux ne font qu’aggraver les inégalités et entraver la consolidation de la paix dans la région. « Nous rejetons les sanctions qui affectent les personnes » a-t-elle déclaré, appelant à une approche solidaire face aux pressions internationales.
La Déclaration de Tegucigalpa ratifie « la pleine efficacité de la Proclamation de l’Amérique latine et des Caraïbes comme zone de paix ». Une approche qui repose sur « le respect des buts et des principes de la Charte des Nations Unies et du droit international, la coopération internationale, la démocratie et l’État de droit, le multilatéralisme, la protection et la promotion de tous les droits de l’homme, le respect de l’autodétermination, la non-ingérence dans les affaires intérieures, la souveraineté et l’intégrité territoriale ».
À l’issue de ce sommet, la République de Colombie a été nommée à la présidence pro tempore du mécanisme pour la période 2025-2026.