Le scandale a éclaté le 19 août, lorsque des médias argentins ont diffusé des enregistrements audios mettant en cause Diego Spagnuolo, ex-directeur de l’Agence nationale pour les personnes handicapées (Andis) et ancien avocat de Milei. Selon ses propos, les entreprises pharmaceutiques devaient verser 8 % de commissions pour décrocher des contrats publics, dont 3 % seraient directement reversés à Karina Milei. Les enregistrements évoquent des gains d’environ un demi-million de dollars par mois.
Un système de pots-de-vin au cœur du pouvoir
D’autres personnalités apparaissent dans ce montage : Eduardo « Lule » Menem, sous-secrétaire de la présidence et membre d’une famille politique influente, ainsi qu’Eduardo Kovalivker, patron de Suizo Argentina, fournisseur de médicaments. Plus accablant encore, certains extraits suggèrent que le président connaissait ces pratiques : « Javi, tu sais que ta sœur vole », affirme Spagnuolo dans un enregistrement.
Face à la tempête, Milei a limogé Spagnuolo et dénoncé une « opération d’espionnage illégal ». Mais une plainte a été déposée contre Javier et Karina Milei, ainsi que contre Eduardo Menem, pour corruption et administration frauduleuse. L’authenticité des audios a été confirmée par une expertise indépendante, donnant au dossier un poids judiciaire difficile à écarter.
Un choc politique et social à la veille des législatives
L’affaire a immédiatement nourri la colère populaire. Le 27 août, Javier et Karina Milei ont été pris à partie lors d’un déplacement à Lomas de Zamora, bastion péroniste de la banlieue de Buenos Aires. Leur convoi a essuyé des jets de pierres et de bouteilles, forçant leur exfiltration. Les manifestants dénonçaient le détournement de fonds destinés aux personnes handicapées.
Sur le plan économique, la crise a entraîné une chute de près de 8 % de l’indice boursier argentin en deux semaines. La confiance dans le gouvernement a reculé de 13,6 % en août, atteignant son plus bas niveau depuis le début du mandat. Selon l’analyste Nicolás Cereijo, l’impopularité du président culmine désormais à 55 %.
Cette dégradation intervient à la veille d’élections législatives cruciales, le 26 octobre. La Libertad Avanza, le parti présidentiel, ne contrôle qu’un tiers du Congrès et espère renforcer son poids. Mais le scandale compromet cette stratégie. S’il rend plus difficile l’élargissement de sa base, un effondrement électoral reste peu probable : les soutiens de Milei demeurent soudés, alors que l’opposition reste fragmentée.
Ce n’est pas la première controverse du chef de l’État. En février, il avait déjà été éclaboussé par le « cryptogate » autour de la monnaie $LIBRA, dont la valeur s’est effondrée après sa promotion par Milei lui-même. L’unité d’enquête créée pour examiner l’affaire a été dissoute par décret, renforçant les accusations d’entrave. Dans le même temps, les mesures d’austérité imposées par le gouvernement – réduction des aides sociales, hausse des tarifs de l’énergie – exacerbent la colère sociale et accentuent la perception d’un pouvoir déconnecté.
Le Congrès argentin
Le Parlement argentin est composé de deux chambres : la Chambre des députés (257 sièges) et le Sénat (72 sièges). Les législatives du 26 octobre 2025 renouvellent la moitié de la Chambre et un tiers du Sénat. Avec seulement un tiers des sièges acquis, Javier Milei dépend de ce scrutin pour consolider sa gouvernance et éviter le blocage institutionnel.