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Anne Czichos/shutterstock
BRICS+

Cuba, une île qui se réinvente au cœur du Sud Global

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Mise à jour le 22 août 2025
Temps de lecture : 5 minutes

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BRICS Cuba

L’intégration de Cuba aux BRICS+ en tant que « partenaire officiel » marque une rupture historique. Soumise à un blocus économique renforcé, l’île caribéenne transforme aujourd’hui cette contrainte en levier stratégique. En misant sur ses capacités logistiques, son expertise médicale, et une volonté affirmée de dynamiser et développer son industrie, son agriculture et sa sécurité alimentaire, elle s’insère dans un réseau de coopération Sud-Sud.

Cuba l’a compris : dans un monde multipolaire en gestation, les BRICS sont déjà la partie émergée d’un basculement global.

Depuis plus de 60 ans, l’île socialiste subit un blocus économique imposé par les États-Unis, aggravé par 243 nouvelles sanctions sous Donald Trump, dont la réinscription sur la liste des États soutenant le terrorisme. Ce durcissement a asphyxié les circuits financiers, limité les importations de carburant et freiné les investissements étrangers. Pourtant, loin de céder, La Havane a discrètement bâti une diplomatie de résilience.

Sortir de l’étau par une stratégie de repositionnement

L’adhésion de Cuba dans la famille élargie des BRICS+ est l’aboutissement de cette stratégie. Elle permet au pays de contourner les sanctions en rejoignant un écosystème économique alternatif, fondé sur l’usage des monnaies nationales et le financement de projets via la Nouvelle Banque de Développement (NDB). L’île ne demande pas la permission : elle entre par la grande porte, avec le soutien actif de la Chine, de la Russie et du Brésil.

Cuba a saisi l’opportunité offerte par les BRICS+ pour sortir de l’isolement et se repositionner dans un monde en recomposition. L’organisation incarne la volonté majoritaire d’autonomie, de coopération équitable et de souveraineté économique. Et Cuba entend y jouer un rôle actif.

Hub logistique, santé, relance industrielle et souveraineté alimentaire

Le port de Mariel, modernisé avec l’aide du Brésil et de la Russie, est au cœur de la nouvelle ambition cubaine. Situé à un carrefour stratégique, il est destiné à devenir un hub logistique entre l’Amérique latine, l’Afrique et l’Asie. Un projet de ligne ferroviaire de fret vers l’Amérique centrale est à l’étude, renforçant cette vocation régionale.

Mais Cuba ne veut pas se limiter au transit. Elle ambitionne de dynamiser et développer son industrie, aujourd’hui affaiblie, notamment dans l’agroalimentaire, les matériaux de construction et la production pharmaceutique et agricole. Ce redéploiement se heurte à un obstacle majeur : la crise énergétique. Le réseau électrique, vétuste et dépendant des importations, freine l’industrialisation. Un plan de modernisation de 1,2 milliard de dollars, financé par la NDB, vise à développer les énergies renouvelables, avec transfert de technologies depuis la Chine notamment.

La santé reste un levier d’influence majeur. Le programme Medicos, relancé sous le label BRICS, prévoit l’envoi de professionnels vers l’Afrique de l’Ouest et l’Asie du Sud-Est. Les vaccins cubains, produits localement, seront distribués via un consortium multilatéral, avec des essais conjoints menés avec l’Inde. En parallèle, Cuba participe à 17 projets pilotes dans des petits États insulaires en développement (PEID), allant de la télémédecine au diagnostic par intelligence artificielle.

Enfin, deux axes agricoles stratégiques émergent. D’une part, un partenariat avec la Biélorussie prévoit la création d’une coentreprise pour la fabrication et l’entretien de matériel agricole. D’autre part, une coopération renforcée avec le Vietnam vise à sécuriser l’approvisionnement en riz, à travers des transferts de semences, des techniques de culture adaptées au climat cubain et des accords de stockage stratégique.

Ces initiatives s’inscrivent dans une logique de souveraineté alimentaire, essentielle pour un pays encore fortement dépendant des importations.

La diplomatie du savoir-faire cubain

Depuis les années 1960, Cuba a fait de la santé et de l’éducation les piliers de sa diplomatie. Malgré les sanctions, l’île a formé des milliers de médecins, développé des vaccins innovants et exporté son expertise dans plus de 60 pays. Aujourd’hui, cette stratégie trouve un nouveau souffle dans le cadre des BRICS+, où La Havane devient un acteur clé de la coopération médicale Sud-Sud.

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