Inspiré du panafricanisme et de la lutte contre le colonialisme (et le néocolonialisme), ce plan ne se contente pas de rêver, il dessine un futur possible adapté aux réalités africaines.
Les sept piliers de l’avenir africain
L’Agenda 2063 s’articule autour de sept aspirations fondamentales, conçues pour réparer les injustices passées et développer l’Afrique comme acteur majeur du XXIe siècle.
- Une Afrique prospère fondée sur la croissance inclusive et le développement durable.
- Un continent intégré, uni sur le plan politique et ancré dans les idéaux du Panafricanisme et la vision de la renaissance africaine.
- Une Afrique de bonne gouvernance, de démocratie, de respect des droits de l’homme, de justice et d’état de droit.
- Une Afrique vivant dans la paix et dans la sécurité.
- Une Afrique dotée d’une forte identité culturelle, d’un patrimoine commun, et de valeurs et d’éthique partagées.
- Une Afrique dont le développement est axé sur les populations, qui s’appuie sur le potentiel de ses populations, notamment celles des femmes et des jeunes, qui se soucie du bien-être des enfants
- Une Afrique qui agit en tant qu’acteur et partenaire fort, uni et influent sur la scène mondiale.
Un projet éminemment progressiste
L’Agenda 2063 ne se contente pas de lister des aspirations : il propose des stratégies concrètes pour y parvenir. Par exemple, le développement d’infrastructures transcontinentales (trains, énergie, numérique) a pour objectif de promouvoir la coopération entre les régions et stimuler les échanges. Le projet de Zone de libre-échange continentale (ZLECAf), lancé en 2021, en est une illustration directe.
« L’Afrique de 2063 sera un continent vivant dans la paix et dans la sécurité », l’agenda fait de la question de la paix une préoccupation principale, une condition sine qua non au développement continental. C’est en ce sens que l’UA promeut une culture des droits de l’homme. L’organisation intergouvernementale s’illustre actuellement dans son engagement pour la stabilisation en République démocratique du Congo, affirmant qu’une voie vers la paix est possible sans l’aide des anciens fantômes colons et impérialistes.
Les obstacles restent nombreux. La coordination entre 55 États aux réalités économiques divergentes complique la mise en œuvre. Les disparités en matière de gouvernance ou de ressources exigent des approches différenciées. Cependant, il ne s’agit pas pour autant d’uniformiser les pays africains, comme l’amalgame est souvent fait lorsque l’on parle de « panafricanisme ». L’accent est ici mis sur la solidarité, l’intégration, et surtout une souveraineté mise en commun sur les questions importantes du continent et de portée mondiale.
Enfin, l’idée selon laquelle l’Afrique doit parler d’une seule voix sur la scène internationale pour peser face aux grandes puissances se renforce. La demande d’un siège permanent à l’ONU illustre cette volonté. Revendication qui est au centre de nombreux débats autour de la refonte de la gouvernance mondiale depuis l’année dernière. En août 2024, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a déclaré que « L’Afrique mérite un siège permanent au Conseil de sécurité ». « L’océan est fait de gouttes d’eau », dit un proverbe africain.