Ce sommet marque une étape décisive dans la reconfiguration des relations transatlantiques Sud-Sud.
Justice réparatrice : un droit en suspens
Le deuxième Sommet Afrique–CARICOM, tenu les 7 et 8 septembre 2025 au siège de l’Union africaine, a placé la justice réparatrice au cœur de son agenda. Les 55 États membres de l’UA et les pays de la CARICOM ont adopté la Déclaration d’Addis-Abeba, qui acte la création d’un Fonds mondial des réparations basé en Afrique. Ce fonds sera alimenté par les États, entreprises et institutions historiquement responsables de l’esclavage, de la traite transatlantique et du colonialisme.
Pour les dirigeants présents, les réparations ne relèvent pas de la charité mais d’un droit international encore non honoré. Le président angolais João Lourenço a appelé à une « alliance transcontinentale » pour porter cette revendication sur la scène mondiale. L’UA a par ailleurs proclamé 2025 comme « Année de la justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine », renforçant le cadre politique et symbolique de cette lutte.
Vers une coopération stratégique multisectorielle
Au-delà des réparations, le sommet a jeté les bases d’une coopération renforcée dans des domaines clés. Sur le plan économique, la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) a consolidé sa présence dans les Caraïbes avec l’ouverture d’un siège régional à la Barbade. Les pays de la CARICOM ont participé activement à la Foire commerciale intra-africaine (IATF 2025) en Algérie du 4 au 10 septembre dernier.
La connectivité a également été au centre des discussions ainsi qu’un partenariat a été lancé pour mutualiser les capacités sanitaires.
Enfin, les deux régions ont appelé à une réforme de l’architecture financière mondiale, dans l’esprit de l’Initiative de Bridgetown, pour mieux répondre aux défis climatiques et économiques partagés.
Comprendre la justice réparatrice
La justice réparatrice vise à reconnaître et compenser les torts historiques causés par l’esclavage, la colonisation et la traite transatlantique. Elle repose sur trois piliers :
- Reconnaissance officielle des crimes commis.
- Compensation matérielle et symbolique pour les descendants des victimes.
- Réformes structurelles pour corriger les inégalités persistantes.
Elle s’appuie sur le droit international, notamment les principes de non-discrimination et de réparation inscrits dans les conventions des Nations unies.
C’est quoi la CARICOM ?
La CARICOM (Communauté des Caraïbes) est une organisation régionale fondée en 1973 par le Traité de Chaguaramas. Elle regroupe 15 États membres et 5 membres associés, principalement des îles des Caraïbes anglophones, mais aussi Haïti et le Suriname. Objectifs principaux :
- Intégration économique : création d’un marché commun caribéen.
- Coordination politique : prise de positions communes sur les enjeux internationaux.
- Développement durable : coopération dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’environnement et de la sécurité.
| Qui compose la CARICOM ? | |||
|---|---|---|---|
| Membres de plein droit | |||
| Antigua-et-Barbuda | Bahamas | Barbade | |
| Belize | Dominique | Grenade | |
| Guyana | Haïti | Jamaïque | |
| Montserrat | Saint-Christophe-et-Niévès | Sainte-Lucie | |
| Saint-Vincent-et-les-Grenadines | Suriname | Trinité-et-Tobago | |
| Membres associés | |||
| Anguilla | Bermudes | Îles Vierges britanniques | |
| Îles Caïmans | Îles Turques-et-Caïques | ||