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Commerce international

L’Algérie ferme ses portes au blé français

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Mise à jour le 10 juin 2025
Temps de lecture : 4 minutes

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BRICS Commerce Algérie

Les tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie ont conduit celle-ci à exclure le blé français de ses récents appels d’offres.

Une décision qui perturbe fortement un partenariat commercial historique.

Un marché historique en déclin

L’Algérie, autrefois principal importateur de blé tendre français, a réduit ses achats ces dernières années. Dans les années 2010, elle importait entre 2 et 6 millions de tonnes de blé français par an. Ce chiffre est tombé à environ 1,6 million de tonnes pour la campagne 2023/24.

Depuis juillet 2024, aucune nouvelle commande significative de blé français n’a été enregistrée, les douanes françaises ne constatent que 31 500 tonnes importées en juillet, puis plus rien.

Il est important de noter que les importations totales de blé tendre de l’Algérie (toutes origines confondues) sont estimées à 7,2 millions de tonnes pour la campagne 2023/24, en hausse de 11 % par rapport à la campagne précédente. Cela indique que l’Algérie a diversifié ses sources d’approvisionnement plutôt que de réduire ses importations totales.

Cette baisse s’explique en partie par les tensions diplomatiques entre les deux pays, accentuée par le soutien de la France au plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental en juillet 2024. En réaction, l’Algérie a rappelé son ambassadeur à Paris et a exclu les entreprises françaises de certains appels d’offres pour l’importation de blé.

Conséquences pour la filière céréalière française

La perte du marché algérien représente un coup dur pour les exportations françaises de blé tendre. FranceAgriMer a révisé à la baisse ses prévisions pour la campagne 2024/25, les estimant à 3,5 millions de tonnes vers les pays tiers, contre 10,25 millions de tonnes lors de la campagne précédente. Les exportations totales de blé tendre français (incluant l’UE) sont estimées à 9,76 millions de tonnes pour 2024/25, soit une baisse de 41 % par rapport à 2023/24.

Les producteurs français doivent désormais se tourner vers d’autres marchés, notamment le Maroc et l’Afrique subsaharienne, pour compenser cette perte. Mais la concurrence est forte. Des pays comme la Russie proposent des prix plus compétitifs, ce qui complique cette réorientation. Il est important de noter que la Russie, suite aux sanctions de 2014, est devenue le premier exportateur mondial de blé, grâce à des récoltes exceptionnelles et des prix bon marché.

L’Algérie et les BRICS

En octobre 2024, l’Algérie a rejoint les BRICS en tant que membre partenaire, aux côtés de douze autres pays. Cette adhésion pourrait influencer ses relations commerciales, notamment dans le secteur des céréales, où les BRICS envisagent de créer leur propre bourse indépendante des marchés occidentaux.

Cette évolution pourrait renforcer les liens de l’Algérie avec les pays des BRICS et modifier à long terme ses partenariats commerciaux traditionnels.

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