La situation du continent africain est très complexe. Ce dont on peut être sûrs, c’est qu’il n’est pas un « spectateur » du basculement en cours dans le monde. L’intégration récente de l’Union africaine au G20 en témoigne, tout comme l’intégration de l’Égypte, de l’Éthiopie, du Nigéria ou encore de l’Ouganda aux BRICS ; que ce soit en tant que partenaire officiel ou membre à part entière.
Dernière en date, la Chine a annoncé le 13 juin qu’elle allait supprimer 100 % de ses droits de douane sur tous les produits qu’elle importe d’Afrique. Sur les 54 États qui composent le continent, 53 vont en bénéficier. L’Eswatini (ex-Swaziland) est la seule nation exclue du dispositif, car elle reconnaît encore le gouvernement de Taïwan.
Développer un écosystème industriel
Car au-delà du contraste de cette annonce avec la politique de Washington, il s’agit bien, pour l’Afrique, de rompre avec sa dépendance aux exportations de produits de base et de ressources. La structure commerciale du continent – avec toutes ses disparités – est très largement tournée vers l’exportation de matières premières, de produits agricoles et de ressources minérales. Une situation qui est « due en grande partie à la longue histoire de colonisation du continent par les puissances occidentales, durant laquelle il n’a pas pu développer un système industriel complet » insiste Song Wei, professeur à l’École des relations internationales et de diplomatie de l’Université des langues étrangères de Pékin.
Très concrètement, l’Afrique reste la région la moins industrialisée du monde avec environ 1,7 % de la valeur ajoutée manufacturière mondiale pour près de 20 % de la population planétaire. Plus encore, l’industrie est concentrée dans quelques pays avec 70 % des emplois manufacturiers du continent dans seulement huit (Nigeria, Éthiopie, Égypte, Afrique du Sud, Maroc, Algérie, Ghana, Kenya).
Ces chiffres donnent le tournis. Ils montrent à quel point l’Afrique gagne à renforcer sa participation à la chaîne de valeur mondiale et à intensifier sa coopération économique et commerciale avec des pays comme la Chine. Et les besoins sont immenses : infrastructures, corridors économiques, électrification, montée en qualification, transformation locale des matières premières… autant de défis à relever dans une zone où seulement 13 % du commerce est intrarégional.