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GovernmentZA - CC BY-ND 2.0
Face au président Ramaphosa

Donald Trump falsifie et piétine l’histoire sud-africaine

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Mise à jour le 10 juin 2025
Temps de lecture : 4 minutes

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États-Unis Afrique du Sud

Ce mercredi 21 mai, devant le président sud-africain Cyril Ramaphosa qu’il recevait dans le bureau Ovale, et en présence d’un Elon Musk impassible, Donald Trump piège son hôte et transforme la réunion en guet-apens.

Le président Ramaphosa était venu à la Maison Blanche dans le but d’échanger sur les relations économiques qu’entretiennent les deux pays. Donald Trump n’a pas hésité à l’humilier de la pire façon en invoquant le mythe du « White Genocide ». Persistante dans les groupes suprémacistes sud-africains, cette théorie veut que les fermiers blancs seraient victimes de meurtres dans des proportions supérieures au reste de la population.

Mettant très vulgairement les pieds dans le plat, le président des États-Unis s’est lâché sur la question en interrompant une conférence de presse organisée dans son bureau et en faisant diffuser un montage vidéo afin de vouloir démontrer un « génocide anti-blancs » !

Un fake contredit par les faits

Depuis plusieurs semaines, Trump martèle cette thèse : l’Afrique du Sud organiserait un génocide des agriculteurs blancs. Une rhétorique de « White Genocide », alimentée par le groupe identitaire AfriForum. Pourtant, les chiffres démentent cette narration : en 2023, 49 meurtres de fermiers blancs ont été recensés. La chose est certes tragique mais ces faits ne peuvent dissimuler les 27 621 homicides enregistrés sur la même période. Rien ne soutient l’idée d’un ciblage systématique. En réalité, en Afrique du Sud, c’est toute la classe politique, y compris le principal parti d’opposition dominé par les Afrikaners, qui réfute cette théorie.

La vidéo diffusée par Trump s’effondre aussi sous l’examen. Exemple pris de ces croix blanches le long de la route se voulant être des tombes mais qui ne sont en réalité que les vestiges d’une manifestation de 2020.

Elon Musk, le patron de X, a bien-sûr soutenu Donald Trump. Il n’en est lui pas à son premier coup d’essai. Enfant afrikaner, le milliardaire alimente souvent la théorie du « White Genocide ». Dernièrement, en prenant exemple de son Starlink qui s’est vu « refuser » sa licence d’utilisation en Afrique du Sud, il se dit persuadé que cela s’explique parce qu’il « n’est pas noir », ainsi qu’il l’a affirmé sur X. Le gouvernement sud-africain a déjà démenti en affirmant qu’il n’avait jamais déposé de demande pour cette fameuse licence.

Enjeu économique

C’est en réalité la réforme agraire qui est visée par toutes ces attaques. Engagée depuis la fin de l’apartheid, cette réforme, loin d’un « vol organisé » comme le prétendent ses opposants, vise à corriger un déséquilibre hérité d’un siècle de dépossession. En 2017, les blancs d’Afrique du Sud (à peine 7 % de la population) possédaient encore 72 % des terres agricoles. Un projet de loi prévoit désormais, dans certains cas très encadrés, des expropriations sans compensation pour garantir un usage plus équitable des terres.

Malgré toutes ces tensions, le président Ramaphosa n’a pas perdu de vue son objectif et a su garder le silence en dépit du malaise causé. En diplomate expérimenté qu’il est, il s’est félicité tout de même « de l’ouverture prochaine de négociations commerciales entre l’Afrique du Sud et les États-Unis. » Le maintien des liens commerciaux avec Washington, menacé par la fin de l’AGOA [1], était une priorité. Les USA sont le deuxième partenaire économique commercial de l’Afrique du Sud après la Chine. Cette journée a par ailleurs joué un rôle majeur afin de renouer le dialogue entre l’actuel et futur président du G20.

Notes :

[1AGOA : L’African Growth and Opportunity Act est une loi du Congrès américain sur « la croissance et les possibilités économiques en Afrique ». Elle permet de soutenir l’économie des pays africains en leur facilitant l’accès au marché américain s’ils suivent les principes de l’économie libérale.

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