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Eleni Mavrandoni/shutterstock
Tribune

Une école de la solidarité ou une école de la réussite de tous ?

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Mise à jour le 7 octobre 2024
Temps de lecture : 3 minutes

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École Éducation

Enseignant retraité et ancien secrétaire départemental du FSU-SNUipp, Michel Salingue réagit à une proposition de Bertrand Gaufryau, économiste et chef d’un établissement scolaire, pour une « école de la solidarité » qui associerait l’enseignement public et privé.

Dans l’Humanité du 20 septembre, Bertrand Gaufryau prône une « école de la solidarité ». Il propose « une réforme en profondeur du système éducatif incluant à la fois les établissements publics et privés sous contrat ». Cette proposition, de fait, reconnaît et accepte l’existence et la pérennisation d’un enseignement privé sous contrat avec l’État.

Dans ce cadre, il propose qu’« une base théorique de moyens attribués aux établissements pourrait se voir modulée » en fonction de critères sociaux. Soumettre les subventions à l’enseignement privé à une augmentation de la mixité sociale va pousser le privé à recruter dans les classes sociales moins favorisées, augmentant mécaniquement ses effectifs, car les enfants de la bourgeoisie ne le quitteront pas.

Renforcement de l’enseignement privé au détriment du public ?

Ce que propose Gaufryau n’est, en définitive, rien d’autre que le renforcement de l’enseignement privé au détriment de l’enseignement public, car en exigeant d’accepter davantage d’élèves issus des classes sociales défavorisées, l’État se verra dans l’obligation de subventionner encore davantage cet enseignement privé… et, peu à peu, l’enseignement privé supplantera l’enseignement public.

Les établissements privés disposent de la liberté d’enseignement. Laisser la majeure partie de l’enseignement aux mains de la bourgeoisie qui dirige l’enseignement privé tout en affaiblissant l’enseignement public serait une faute politique aux conséquences particulièrement graves.

Si l’école publique est, tous les sociologues le reconnaissent, un instrument de sélection sociale, elle est, aussi et dans le même temps, un instrument de libération développant l’esprit critique. Ce qui n’est pas le cas d’une école privée aux mains exclusives de la bourgeoisie.

Privilégier la bataille des moyens pour l’école publique

De par son rôle éminemment politique dans la formation des citoyens, l’école ne peut pas, ne doit pas relever du marché et de la concurrence. L’objectif est-il de confier l’éducation et l’enseignement des enfants de la classe ouvrière aux écoles privées dirigées par l’Église catholique, paravent de la bourgeoisie et du patronat ?

Dois-je évoquer tous ces grands militants communistes, défenseurs acharnés de l’école de la République qu’ont été Louise Michel, Henri Wallon, Georges Snyders... et bien d’autres ? Dois-je évoquer aussi les grandes luttes de 1959 contre la loi Debré et celle de 1982 pour un grand service public unifié et laïque de l’Éducation nationale ?

Face à la dégradation actuelle du système éducatif, la bataille que devraient aujourd’hui mener les communistes n’est certainement pas celle de la mixité scolaire dans l’enseignement privé, mais bien celle des moyens de l’école publique afin d’assurer la réussite de tous.

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