Pierre Charret est décédé à l’hôpital Victor Provo, à Roubaix, où il venait d’être hospitalisé pour une opération du col du fémur suite à une chute vendredi soir. Il avait 99 ans. « Nous perdons un camarade engagé et vif, jusqu’au bout de sa vie. Nous perdons un ami. » dit l’un de ses proches.
Il vivait dans le Nord depuis 1950. Lui-même était né dans la Haute-Vienne. Il était fils d’un ancien combattant de la Première Guerre mondiale. Durant ses études au lycée de Guéret, il rejoint la Résistance à l’âge de 17 ans. Avec trois autres camarades, il crée le groupe René Laforge. Intégré aux FTP, il participe à diverses actions avant de rejoindre le maquis.
La fédération du Nord du PCF, à laquelle il était rattaché, rappelle que, « homologué sous-lieutenant FFI, Pierre Charret s’engage dans la nouvelle armée française pour la durée de la guerre. Il est envoyé sur le front de La Rochelle, puis en Algérie dès le 8 mai 1945. Démobilisé, il rentre en France pour terminer ses études d’instituteur. Nommé d’abord dans la Creuse, il obtient d’être muté, en 1950, dans le Nord dont est originaire son épouse. Il enseigne à Bourbourg, Roubaix, Wasquehal avant de devenir instituteur spécialisé pour l’enfance handicapée à Roubaix jusqu’à sa retraite en 1980. »
Les dangers de résurgence du fascisme
La transmission de la mémoire vers la jeunesse était pour lui essentielle. Il y a quelques années, le lycée Beaupré, à Haubourdin (Nord) lui a rendu hommage et avait donné son nom à l’auditorium de l’établissement.
Membre de l’Association nationale des combattants volontaires de la Résistance (ANACR), il multipliait les rencontres dans les établissements scolaires notamment, témoignant sans cesse pour la paix, la nécessité de défendre la démocratie contre les idées xénophobes et les dangers de résurgence du fascisme. « Il laissera à tout jamais l’image d’un passeur de mémoire tourné vers l’avenir, un homme à la fois de conviction et d’ouverture d’esprit, progressiste, fidèle à ses engagements de jeunesse » disent ses camarades du Nord. Éric Bocquet, maire de Marquillies et ancien sénateur communiste, écrit sur Facebook : « Respect et tristesse après la disparition d’un grand homme qui n’a jamais abandonné le combat contre les idées brunes… »
Titulaire de la Légion d’honneur, il avait encore témoigné, le 3 mars dernier, lorsqu’il avait reçu, à la mairie de Wasquehal (où il vivait), la médaille d’or de l’Office national des combattants et victimes de guerre. « Sans prétendre apporter une solution aux conflits qui nous accablent et qui n’en finissent pas, je veux dire notre inquiétude alors qu’en 3 ans, ils ont coûté le déplacement de 10 millions de personnes, 500 000 morts dont beaucoup d’enfants et de civils et ruiné nos économies. Des souffrances aggravées par les bombardements sauvages qui ont détruit Gaza et atteignent maintenant le Moyen-Orient. »
Engagement profond et durable
Très inquiet quant à la situation actuelle, en Europe et dans le monde, il avait également rappelé : « Dans le cœur et la mémoire des peuples, le monde de 1945, vainqueur du nazisme, constructeur de l’ONU, reposait sur la fraternité des peuples, le développement de tous, dans la solidarité et la coopération. Ce sont ces valeurs-là qui restent vraies. Sans la Paix, que deviendrait notre monde ? C’est avec cette inquiétude que notre ONAC se consacre à remédier au mieux aux horribles conséquences des guerres passées. »
Lorsqu’il s’est installé dans le Nord, Pierre Charret s’est très tôt engagé. Il a exercé de nombreuses responsabilités syndicales ainsi que des responsabilités politiques au sein du Parti communiste français. Il a été membre du comité départemental de la fédération du Nord en 1953, responsable du travail parmi les instituteurs en 1956, membre de la commission fédérale de contrôle financier, du secrétariat de la section de Croix-Wasquehal. Il avait été candidat suppléant de Gustave Ansart aux élections législatives de 1958 (Roubaix Nord et Ouest), puis titulaire en 1962, candidat aussi aux élections cantonales (Roubaix Ouest) en 1964 et en 1970.
Passionné de cinéma, Pierre Charret était également connu pour avoir tourné de nombreux films comme sur les évènements de 1968 ou la fête du journal Liberté à Brunémont en 1966. Une quinzaine de ses films ont d’ailleurs été déposés au fonds Ciné-archives à Paris.
La rédaction de Liberté Actus adresse ses profondes et fraternelles condoléances à sa famille et à ses proches.