Cette table ronde, à destination de la communauté universitaire, avait vocation à donner la parole à différents intervenants sur leurs engagements s’agissant du conflit israélo-palestinien et de son impact dans les universités, souligne l’Université de Lille dans un communiqué, qui rappelle que « devaient intervenir deux représentants du collectif Golem et deux représentants de l’association Libre Palestine, qui avaient accepté l’invitation à échanger, deux vice-présidentes de l’Université de Lille engagées dans les mobilités internationales universitaires et l’accueil d’étudiants en exil, et une enseignante de l’Université de Lille mobilisée en faveur de l’accès à l’enseignement supérieur pour les étudiants palestiniens ».
Las, la table ronde n’a pas pu se tenir, Raphaël Assouline et Lorenzo Leschi, les deux militants invités à prendre la parole au nom de Golem, le collectif des Juifs et Juives de gauche contre l’antisémitisme étant d’emblée pris à partie par une militante du collectif « Libre Palestine », insultés aux cris de « Sionistes, fascistes, c’est vous les terroristes ! » et traités de « colons » pendant près d’une vingtaine de minutes avant d’être évacués sous la protection de la sécurité de l’Université.
Dialogue impossible
Le collectif Libre Palestine de l’Université de Lille est notamment animé par la Fédération syndicale étudiante (FSE), une scission de l’UNEF apparue en 2019, dont plusieurs sections locales sont aujourd’hui dans la mouvance de la Ligue de la Jeunesse Révolutionnaire (LJR), une organisation maoïste qui se félicitait le 7 octobre dernier des « actions héroïques » du Hamas et affirmait soutenir « les Islamistes du Hamas, que les Masses ont choisi pour leur combativité face à la colonisation. C’est un des phares de la libération nationale ».
Dans son communiqué à la suite de l’annulation de la table ronde du 21 mai, la section lilloise de la FSE a justifié l’éviction des militants du collectif Golem au motif que le sionisme serait une idéologie intrinsèquement raciste et coloniale, qu’il n’y a pas de sionisme de gauche et qu’une association de Juifs de gauche engagée contre l’antisémitisme n’avait pas sa place dans un débat consacré à la Palestine.
Régis Bordet, le président de l’Université de Lille, a également été copieusement insulté par les militants du collectif Libre Palestine.
Regrettant « l’impossibilité de tenir un dialogue respectueux et la confusion entretenue par cette minorité bruyante, organisée pour empêcher délibérément toute prise de parole », l’Université de Lille a condamné les propos haineux et intolérables tenus à l’égard de son président et des deux représentants du collectif Golem et n’exclut pas d’éventuelles poursuites judiciaires.