10 juillet 2007… Je suis à Avignon ; le long des remparts, j’arpente un trottoir guidé par ma canne blanche. Un cri jaillit de l’autre côté de la rue…
« Sale juif ! Sale juif ! »
Immédiatement, je réplique : « Si tu as des couilles, viens me le dire en face ! »
Je ne suis pas juif ; je circule avec un chapeau noir, veston et pantalon sombres… Aucun signe distinctif.
Bien sûr, l’homme a fui, animé par le courage des lâches !
J’en parle à plusieurs amis. « Tu sais, avec ton chapeau noir, tout vêtu de noir… »
Non, l’antisémitisme n’est pas résiduel, pas plus que le racisme, bien que tous deux soient des délits passibles des tribunaux.
L’antisémitisme est enkysté dans les sociétés européennes marquées par le christianisme. Jusqu’au dernier tiers du XXe siècle, l’Église a accusé les juifs d’avoir tué Jésus. Selon les antisémites, les juifs riches broient le peuple ; pauvres, ils vivent à ses crochets…
On aurait pu croire que la Révolution française et le Siècle des lumières, ayant aboli les privilèges, la monarchie absolue et les religions d’État, aient fait reculer l’antisémitisme, la religion juive comme le protestantisme étant désormais autorisés.
Pourtant, au XIXe siècle, l’antisémitisme sévit toujours, structurant, gangrénant les sociétés d’Europe, entre autres allemande et française.
En Allemagne, la crise économique et sociale de 1929 amènera au pouvoir l’extrême droite. Selon elle, les juifs sont les responsables du chômage et de la misère. Hitler, devenu führer, décidera leur liquidation totale : 6 millions de morts ! Auschwitz-Birkenau est le visage hideux de ce génocide !
Marquée par la Révolution française et les valeurs de la République, la France résistera mieux à ce déferlement de haine. La France ayant été vaincue par les troupes allemandes, la majorité des parlementaires français vote le 10 juillet 1940 l’abolition de la République. L’extrême droite prend le pouvoir. Elle va ainsi organiser la chasse aux juifs, aux francs-maçons, aux communistes et aux républicains.
Malgré la défaite du nazisme, l’antisémitisme perdure en France. Son ADN se retrouve dans les propos scandaleux de Jean-Marie Le Pen, le bal nazi en Autriche du 27 janvier 2012 auquel participe sa fille Marine, la violence raciste et antisémite du GUD (syndicat étudiant interdit depuis peu) dont Bardella fut un des cadres…
En même temps, la France fut et demeure une puissance coloniale. Les gouvernements ont considéré les peuples colonisés comme des peuples inférieurs qu’il fallait éduquer. Le colonialisme a fait naître un sentiment de supériorité des « blancs » ; il a nourri le racisme. De jeunes Français ont été utilisés pour « mater » militairement les peuples colonisés qui voulaient leur indépendance. Jean-Marie Le Pen fut de ceux qui ont poussé à la guerre d’Algérie. Des milliers de jeunes des Hauts-de-France, fils d’ouvriers ou de paysans, ont été jetés dans cette terrible fournaise.
Aujourd’hui, dans notre pays marqué par le chômage, la misère, le déclassement, les populations sont des proies faciles pour l’extrême droite qui, prêchant contre les étrangers, en font les responsables de la crise actuelle.
L’antisémitisme, le racisme contre les arabes ont la même source : la volonté de diviser les travailleurs, actifs ou retraités pour mieux servir les intérêts d’un patronat qui cherche à réduire les salaires et les droits conquis.
Tous ceux qui participent à dresser les communautés les unes contre les autres participent à ce jeu dangereux.
Le 30 juin, ne tombons dans ce piège tendu par le RN !
Choisissons le Nouveau Front Populaire !