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Tableau de Charles de Gaulle par Jean-Loup Othenin-Girard
Tribune

18 juin : une date à double facette

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Mise à jour le 21 juin 2024
Temps de lecture : 4 minutes

Mots -clé

Extrême droite Seconde Guerre mondiale Résistance

18 juin… Pendant plus d’un siècle, ce fut l’anniversaire de Waterloo. « Waterloo, morne plaine… Merde » lança Cambronne, avant d’ajouter « La garde meurt, mais ne se rend pas… ». Ils attendaient en renfort le général français Grouchy, ce fut le prussien Blücher qui apporta la défaite de la grande armée. Waterloo, la fin de l’empire, de l’épopée napoléonienne et en fait de la Révolution française…

18 juin 1940, la France vit une des plus grandes défaites de son histoire. Un Waterloo puissance 10  ! Dans quelques jours, le 22 juin, le dernier gouvernement de la IIIe République moribonde signera avec le IIIe Reich un armistice honteux. Le 10 juillet, Pétain et Laval réunissent le Parlement amputé de ses élus communistes déchus de leurs mandats en janvier 1940 et de nombreux députés ou sénateurs qui n’ont pu se rendre à Vichy. Le Parlement va voter à une très forte majorité l’abolition de la République. Parmi les 80 parlementaires qui refusent, aucun ne prendra la parole ! La peur commence à régner.

L’annonce de la Résistance

Le 18 juin, de Londres à la BBC, un général presque inconnu prend la parole. Il déclare que la France a perdu une bataille, mais pas la guerre. Il fait naître l’espoir. C’est l’annonce de la Résistance, après l’appel de Charles Tillon et les multiples alertes que sonnait Maurice Thorez depuis des années.

De Gaulle, sous-secrétaire d’État à la guerre, vient juste d’être nommé général. À la BBC, il rompt avec la tradition militaire qui veut que l’armée soit muette. Il rompt avec sa philosophie personnelle ; en effet De Gaulle est maurrassien et à Paris le royaliste Maurras se félicite de la défaite de la France. Ce désastre est selon lui une divine surprise. De Gaulle, marié avec Yvonne Vendroux, fille d’un grand entrepreneur calaisien, rompt avec sa classe sociale d’origine, la bourgeoisie.

En 40, dans les salons bourgeois, on murmure souvent : « Mieux vaut Hitler que le Front Populaire ». La population française est abasourdie, sidérée, marquée par la rapidité de la victoire de la Wehrmacht.

Beaucoup de nos aînés sont sur les routes, cherchant à fuir, mitraillés sans relâche par les stukas allemands. Dans le nord de la France, l’armée allemande commet de nombreux massacres de population civile, entre autres celui de Courrières. À Chartres, le préfet Jean Moulin est arrêté par les autorités allemandes. On lui reproche d’avoir pris la défense de soldats d’Afrique membres de l’armée française… Ils étaient noirs et le commandant allemand les accusait d’avoir commis un massacre en fait perpétré par la Wehrmacht. Le visage de l’Occupant, du IIIe Reich, dirigé par des partis d’extrême-droite se dévoilait : racisme, antisémitisme, violence, brutalité !

Dans le Nord-Pas-de-Calais, les premiers groupes de résistants qui refusaient l’abolition de la République, la dictature de Pétain et de l’armée allemande, en fait tout simplement de ne pas vivre à genoux, s’organisaient.

Neuf mois plus tard, sous l’impulsion du Parti communiste, et d’hommes et de femmes acquis à la défense de l’indépendance, de la liberté et de la démocratie, le bassin minier est en grève malgré le patronat, les groupes d’extrême-droite, l’armée allemande, les collaborateurs et les mouchards en tout genre. Tous unis, Français, Polonais, Italiens… Ils osent la grève afin que leurs familles, leurs enfants et leurs petits enfants vivent libres, ne les oublions pas !

Naissance du CNR

Le premier convoi de déportés vers le système concentrationnaire nazi sera composé de 244 ouvriers mineurs du Nord ; sans violence, sans armes, ils avaient seulement osé la grève !

En 1943, autour de Jean Moulin, se réunit clandestinement à Paris le Conseil National de la Résistance (CNR). Il réunit tous les partis de droite comme de gauche qui refusent la collaboration, les deux syndicats C.G.T. et C.F.T.C., les grands mouvements de résistance. Tous sont capables de surmonter leurs contradictions et leurs différences pour rédiger le programme du CNR. Ce programme appelé Les Jours heureux va reconstruire la France après la Libération. Huit ans après le Front Populaire, il développe des conquêtes sociales et démocratiques qui forment toujours, malgré de multiples attaques, le pacte social en vigueur.

Le 30 juin et le 7 juillet prochains, n’oublions pas cette histoire, elle est la nôtre ; celle du peuple qui vit en France, celle des hommes et des femmes du Nord, nos aînés, nos ancêtres, souvent issus de la classe ouvrière qui se sont battus contre l’extrême droite afin que nous puissions respirer, vivre libres dans les valeurs de la République, Liberté, Égalité, Fraternité, Laïcité.

Refusez de voter pour l’extrême droite, choisissez le Front Populaire.

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