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Arlette Vidal-Naquet - CC BY-SA 4.0
Réflexions

Staraselski, intelligence communiste

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Mise à jour le 10 septembre 2024
Temps de lecture : 3 minutes

Avec les chroniques réunies dans « Loin, très loin de Jean-Luc Mélenchon, du pape François à Domenico Losurdo, penseur du communisme », Valère Staraselski fait non seulement preuve d’une fidélité sans faille à sa militance communiste, mais surtout, en dehors et souvent contre la doxa sociétale et les dérives communautaristes d’une certaine Gauche, il propose analyses et points de vue qui ouvrent des pistes prometteuses.

Nous voici prévenus dès l’exergue de Toni Negri : « La vie est une prison lorsqu’on ne la construit pas. » Staraselski croit en l’action. Et singulièrement en l’action politique. Non pas en la politique spectacle déconnectée de la réalité qui ne produit à la longue qu’écœurement, mais à la politique en tant qu’elle empêche la barbarie et permet l’émancipation.

Face à l’immensité des défis posés non seulement au genre humain, mais au vivant sur notre bonne vieille Terre, la politique est pour l’auteur un bien absolument précieux.

Ce spécialiste d’Aragon se souvient du personnage de Pierre Mercadier dans Les voyageurs de l’Impériale : « Mercadier se savait égoïste. Il ne pensait pas l’étant, qu’il fût un monstre. » Staraselski s’en souvient jusqu’à en faire une ligne de conduite non seulement pour la vie quotidienne en général, mais pour la vie politique en particulier. Il possède cette intelligence qui, relevant de l’humanisme des militants de la base, ne verse jamais dans la naïveté. Sans confondre mode et réalité, il sait où il ne veut pas aller. Et ce faisant, on plonge dans un vrai bonheur de lecture.

La teneur des textes ici rassemblés, de Ma France au Manifeste d’Innsbruck en passant par 100 ans de Parti communiste français ou Hôpital Cochin, local Cgt, rencontre l’actualité économique, sociale, environnementale et politique la plus brûlante. Religion, nation, État, justice sociale, clivage Capital-Travail, démocratie sociale, antisémitisme, sont revisités à nouveaux frais, comme le sont par exemple les rapports du spirituel et du temporel dans le texte consacré à l’œuvre du philosophe des Lumières Moses Mendelssohn.

Infatigable passeur, l’auteur nous amène in fine à l’œuvre de Domenico Losurdo, ce Gramsci de notre temps, nous montrant qu’il n’y aura pas de remise en cause sérieuse et efficace du pouvoir délétère du Capital sans connaissance profonde de l’Histoire, à commencer par celle du communisme. Le lecteur comprend que, sous peine d’une grave régression déjà largement entamée, il est temps de se départir du délire occidental dont parle le philosophe Dany-Robert Dufour et de reprendre le chemin de l’action émancipatrice sur des bases considérablement revues. Pour Staraselski, la connaissance des travaux de Losurdo est urgemment incontournable.

Avec ces chroniques passionnantes de Staraselski, on dispose d’un antidote au mépris de classe, au nihilisme, au gauchisme et à tous les intégrismes qui se font passer pour du progrès.

Loin, très loin de Jean-Luc Mélenchon, du pape François à Domenico Losurdo, penseur du communisme. Valère Staraselski, L’Harmattan, Libre champ, 155 P, 17 €.

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