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Entretien

Pour Gladys Grelaud, « L’industrie génère richesse et services publics »

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PCF Entretien

Dans une tribune publiée en juillet dernier chez nos confrères du Télégramme, Gladys Grelaud, conseillère régionale de Bretagne (PCF), appelle à la « renaissance industrielle du pays ».

Pour elle et son collègue socialiste Loïc Henaff, cette renaissance ne pourra se faire « sans les travailleurs des usines », sans « leur expertise, leur expérience, leur énergie et leurs savoir-faire ». Elle précise pour Liberté Actus la manière dont elle voit les choses, notamment pour sa propre région, « forte d’un inestimable potentiel agroalimentaire ».

Dans cette tribune, tu appelles d’emblée à réviser la « relation qu’entretient chacun de nous au travail ». Tu sous-entends qu’il faut en finir avec l’idée que l’industrie est un « sous-secteur » et qu’il faut redonner toute leur place à ces hommes et ces femmes qui font tourner nos usines ?

Gladys Grelaud : Oui, mais cela va même au-delà. La responsabilité n’incombe évidemment pas à chacun individuellement mais bien à la société capitaliste. La mondialisation a conduit à éloigner les consommateurs des producteurs. Lorsqu’on marginalise et éloigne la production, on déprécie aussi le producteur. L’appât du gain et la concurrence mondiale ont entraîné des délocalisations à marche forcée, des conditions salariales de plus en plus difficiles. Or, sans travailleurs et travailleuses, la réindustrialisation demeurera une chimère.

C’est finalement ce que tu décris lorsque tu dis que « nos contemporains n’ont plus les clés ». Qui sait encore comment l’on fabrique du verre, du métal, du plastique ? C’est ce qui explique, selon toi, l’absence de réaction collective lorsque nos capacités industrielles – la sidérurgie, par exemple – sont menacées ?

G.G : La réalité aujourd’hui, c’est que les produits sont bien souvent exclusivement appréhendés sous l’angle de leur valeur marchande, sans considération pour les conditions de leur conception ou leur utilité. C’est aussi l’impact de ces métiers pour leur territoire qu’il faut rappeler. L’industrie, ce sont des métiers qui irriguent l’ensemble de nos territoires, générant richesse et contribuant aussi au renforcement de nos services publics.

Mais je serais moins pessimiste concernant le manque de réaction collective, on le voit bien, les réactions sont souvent très fortes lorsque des usines sont menacées de fermeture. Les salariés, les habitants se mobilisent et, parfois, les collectivités locales. C’est en partie grâce à ces mobilisations que certaines entreprises sont sauvées, je pense à Duralex par exemple ou aux fonderies de Bretagne.

Le problème à mon sens, c’est à nouveau la logique capitaliste et de marchandisation du monde qui n’est que trop peu remise en question. Sur ce point, le travail de la commission sénatoriale, menée par Fabien Gay notamment, concernant les montants des aides aux entreprises, est plus que salutaire.

Tu parles du potentiel agroalimentaire de la Bretagne. Tu peux nous en dire davantage  ? Quels sont les grands secteurs encore présents et ceux qu’il faudrait développer ?

G.G : Les situations peuvent être variables selon les régions évidemment. Le passé industriel n’est pas le même en Bretagne que dans le nord de la France ou le bassin lyonnais. Chez moi, en Bretagne, nous avons encore des industries dans la construction navale, l’aéronautique ou l’automobile.

Mais, en effet, l’industrie agroalimentaire représente une part essentielle à la fois du passé industriel, de l’inconscient collectif mais aussi de l’avenir de notre région. Et c’est d’autant plus le cas à l’heure où tout le monde parle à longueur de journée de souveraineté alimentaire. Mais cela nécessite des investissements importants et surtout une volonté politique et cela rejoint aussi des objectifs de transition environnementale. Je prends souvent l’exemple dans mon département, le Finistère, où les moules qui sont sur les pizzas de la mer à Loctudy viennent d’Amérique latine alors même qu’il y a des mytiliculteurs sur le port de pêche.

On oppose trop souvent réindustrialisation et décarbonation. Pourtant, tu rappelles que les travailleurs sont à la fois les premiers exposés aux conditions de production, et les premiers à savoir comment améliorer l’outil de travail. C’est dans cette bataille – qui est aussi idéologique – que tu t’engages aujourd’hui ?

G.G : En effet, je fais évidemment miennes les revendications des communistes sur la réappropriation des moyens de production par les salariés. Nous avons besoin d’une réelle stratégie de planification pilotée par l’État au service de la transition écologique, de la reconstruction de filières intégrées allant des matières premières à leur transformation. Cela nécessite également de prendre la main sur l’argent et notamment l’argent public et son fléchage.

Nous devons conditionner les aides aux entreprises et réorienter l’argent public afin de mettre en place un écosystème qui permet de maintenir une activité industrielle sur nos territoires, en investissant massivement pour une production d’énergie décarbonée, en relançant le FRET ferroviaire, en construisant des filières locales intégrées. Ce sont des enjeux massifs que nous portons notamment avec le Plan Climat afin d’atteindre une empreinte carbone nulle d’ici à 2050.

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