Jean-Numa Ducange est professeur à l’université de Rouen et a notamment déjà publié Jules Guesde : l’anti-Jaurès ? et Quand la gauche pensait la nation. Entretien.
Une des nouveautés de ton livre par rapport à ce qui s’est déjà écrit est que tu as travaillé sur les archives des polices qui surveillaient Jaurès. Or, celles-ci n’ont rien trouvé à se mettre sous la dent pour le salir. Jaurès était-il un homme sans la moindre faille ?
Jean-Numa Ducange : Sans faille, non, mais assurément, c’est un intellectuel engagé en politique, qui a une haute idée de la bataille des idées et voit l’engagement comme quelque chose d’essentiel et, en un sens, « pur ». L’été, il se replonge dans la lecture de classiques en grec ancien, qu’il traduit pour se « distraire » ! On ne lui connaît guère d’écarts personnels, en effet, et la police a pourtant bien cherché jusqu’à commencer à inventer des accusations imaginaires.
Les archives de surveillance sont néanmoins intéressantes, car elles nous permettent de comprendre la haine dont il est l’objet très tôt, à gauche comme à droite, et ce, jusqu’à sa mort. Les nouvelles archives inédites d’une partie de la famille de Jules Guesde (conservées à la…