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Édito

Quand un scrutin européen ouvre une crise politique inédite en France

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Élections européennes Assemblée nationale Dissolution Macron Extrême droite

Sidérant et atterrant. Le dernier coup d’Emmanuel Macron prend tout le monde de court. Fort de la victoire écrasante de sa liste, Jordan Bardella appelle à la dissolution de l’Assemblée nationale. Quelques minutes plus tard, le président de la République lui donne satisfaction. Du jamais vu. C’est la première fois que l’on assiste à une dissolution suite à une élection européenne que l’on voulait penser si lointaine des préoccupations des citoyens.

On voit ensuite très mal ce qui a motivé la décision présidentielle. Coup de poker ? Coup de tête ? Effet d’ego ? Stratégie pour reprendre la main ?

Depuis 2022, l’exercice parlementaire est devenu impossible. En l’absence de majorité absolue, le gouvernement a abusé de l’utilisation de l’article 49,3. Auparavant, lors de son premier quinquennat, Emmanuel Macron a méprisé les jeunes et les précaires et, dans un deuxième temps, il n’a pas su entendre la demande des gilets jaunes. Il a ensuite marché sur les plates-bandes de l’extrême-droite pour imposer des lois très droitières : loi dite anti-squat, loi immigration, loi sécurité et, en cours, fusion de l’audio-visuel public. Ces dernières semaines, il a nationalisé la campagne des Européennes en allant jusqu’à proposer un débat à Marine Le Pen qui... en contrepartie, lui demandait de dissoudre en cas d’échec aux élections ! De son côté, Gabriel Attal s’est invité en débattant avec le candidat du RN.

Macron prêt à s’adosser à l’extrême-droite ?

Face à la catastrophe annoncée d’une présidentielle 2027 remportée par l’extrême-droite, on peut comprendre que le locataire de l’Élysée prenne les devants. On ne peut lui reprocher de faire confiance aux électeurs et électrices en les renvoyant aux urnes.

Il n’empêche, sa décision revient aussi à mettre les Français devant leurs responsabilités : voulez-vous essayer l’extrême-droite ? Alors, faites-le !

Il prend de toute façon le risque d’une cohabitation mortifère avec Jordan Bardella. D’autant que la colère d’une partie de l’électorat ne sera pas retombée d’ici à trois semaines, un délai vraiment court pour organiser des élections législatives.

Compte-t-il sur une incapacité de la gauche à se réorganiser d’ici là ? Veut-il montrer qu’un gouvernement d’extrême-droite ne pourrait qu’aller à l’échec ?

Quel que soit le scénario qu’Emmanuel Macron a dans la tête, le danger est énorme. Au regard de la politique menée par l’actuel gouvernement et son président, une politique ouvertement anti-sociale et brutale comme le montre encore la réforme de l’assurance chômage ou la contre-réforme du logement, et une politique autoritaire contre l’immigration, pour la sécurité, contre la liberté d’expression, nous pouvons sérieusement nous interroger. Emmanuel Macron et les classes dominantes seraient-elles prêtes à s’adosser à l’extrême-droite, au fascisme, pour garder le pouvoir et poursuivre leur projet ? Ce n’est pas si simple. Le Parti républicain n’est visiblement pas près de s’allier au Parti libéral au pouvoir. De son côté, l’extrême-droite populiste de Bardella et de Le Pen pousse le cynisme jusqu’à faire la cour à « la gauche souverainiste ».

Un pacte pour la France

« Quand les blés sont sous la grêle, fou qui fait le délicat ». Le poème d’Aragon sera souvent cité ces prochains jours. Jamais l’extrême-droite héritière du fascisme n’a été aussi proche du pouvoir. Les calculs d’un homme aussi égocentré qu’Emmanuel Macron lui en donnent une occasion aussi rapide qu’inespérée. Son initiative n’était pas aussi urgente sauf s’il aspire à casser le jeu en s’attaquant à la fois aux droites et à la gauche pour redevenir un leader crédible. Face au danger que sa stratégie impose à la France, l’heure est à une stratégie unitaire à gauche.

« Je continuerai la lutte acharnée contre l’extrême-droite », a assuré la tête de liste communiste, Léon Deffontaines, dès dimanche soir. Et il promet aux « fâchés, mais pas fachos » qui ont exprimé leur colère en votant Bardella : « Je vais continuer à m’adresser à vous pour vous convaincre et vous démontrer que le RN est un faussaire de la question sociale. » Léon Deffontaines en appelle à l’Union de la gauche et à la construction d’un « nouveau front populaire ».

Pour Fabien Roussel, « la gauche a la responsabilité d’écrire une nouvelle page. Il faut dire aux Français demain ce qui peut changer à partir du 7 juillet avec une nouvelle Assemblée. Ce qui peut changer sur leurs factures d’électricité, sur leurs retraites, leurs salaires, leurs services publics ! » Le député du Nord et secrétaire national du PCF appelle à l’union des forces sociales et écologistes, des forces de gauche et de progrès pour construire un « Pacte pour la France » et pour « offrir une alternative progressiste à l’occasion des législatives anticipées. »

Le temps est cruellement compté. Trois semaines à peine pour rejeter l’extrême-droite et un libéralisme enragé par sa défaite ; trois semaines pour ouvrir de réelles perspectives au monde du travail, aux classes populaires, à notre pays.

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