« Le Prolé », à Alès dans le Gard, c’est une bodega, ces petits bistrots très conviviaux où l’on se retrouve pour des rendez-vous festifs. Celle d’Alès est affiliée au Parti communiste français, très implanté localement. Ses habitués – ou non – ne sont pas forcément adhérents du PCF, mais ils cultivent la fraternité. C’est notamment le cas à l’occasion de la Feria d’Alès. Les responsables du bar ouvrent la cour de l’établissement parce que l’on y est tranquille pour boire un pot et faire la fête.
La forte présence de l’extrême droite
Mais dans cette ville où la droite a pris les rênes de la municipalité depuis 1995, l’extrême droite ne peut se montrer inactive. Il n’y a pas qu’à Alès. Les quatrième et cinquième circonscriptions du Gard ont été respectivement remportées par le RN depuis 2022 (et une réélection en 2024) et par un député ciottiste (UDR) depuis 2024.
Parmi les activistes, le groupuscule néonazi « Block Montpelliérain » est bien connu dans la région occitane. Au-delà, plusieurs de ses membres ont été repérés à Paris lors de la dernière manifestation du comité du 9 mai, un groupe d’extrême droite. Ce sont, selon les témoignages et indices laissés (croix celtiques tatouées sur le bras d’un agresseur, stickers collés sur le bar…) des membres de ce groupuscule qui se seraient introduits dans la fête, à visage découvert et armés pour certains, afin de tabasser et de gazer les participants. Bilan : une vingtaine de blessés dont un hospitalisé en urgence.
Les agresseurs n’en sont pas à leur premier méfait contre « Le Prolé ». Deux plaintes ont été déposées. Le Parquet est sur la piste du « Block Montpelliérain » qui dément sa participation à cette action. Une enquête est ouverte pour « violence aggravée ».
Si le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau se montre discret sur l’attaque du 30 mai, l’ensemble des forces de gauche a exprimé son indignation. Le secrétaire de la section du PCF d’Alès, Giovani Di Francesco déonce une « attaque organisée » par l’extrême-droite et a annoncé son intention de saisir le Procureur de la République.
De son côté, Fabien Roussel s’est adressé au ministre de l’Intérieur et lui demande la dissolution du « Block Montpelliérain ».
L’attaque contre Le Prolé : un signe avant-coureur
Cet événement intervient alors que l’extrême-droite et son idéologie nauséabonde se distillent partout, et par tous les moyens, en France et dans le monde. Au gouvernement, la politique des ministres de l’Intérieur et de la Justice leur tend la main. Le Rassemblement national est désormais considéré, par nos dirigeants et par la plupart des médias, comme un parti « comme les autres ».
Dans le Gard, le député AD-UDR de la cinquième circonscription, Alexandre Allégret-Pilot n’en est pas une preuve de cynisme près. Il dénonce les faits commis contre « Le Prolé » alors que, début janvier, il s’est violemment fâché contre la famille de la résistante Lucie Aubrac qui a voulu lui interdire d’utiliser l’espace municipal portant le nom de leur grand-mère pour souhaiter ses vœux.
« Racisme, antisémitisme, xénophobie, division volonté politique de ruiner le pacte social issu du Conseil national de la Résistance… Voilà autant de raisons pour lesquelles jamais quelqu’un de ma famille ne s’inscrira sur ces traces-là » avait alors déclaré Renaud Helfer-Aubrac, petit-fils de la résistante.
Aux États-Unis, s’il ne fallait citer qu’eux, on voit aujourd’hui les suprématistes blancs et les néonazis prendre la défense d’Elon Musk. En Europe, on connaît la progression des forces et des idées fascistes.
Oui, vraiment, le Parti communiste français a eu raison d’appeler à un rassemblement républicain ce lundi soir à Alès. Oui, vraiment, son secrétaire national a eu raison de se déplacer. Parce que la menace fasciste souffle bien plus dangereusement que l’on imagine. Parce qu’une attaque comme celle qui vient d’avoir lieu contre « Le Prolé » n’est qu’un signe avant-coureur qui nous rappelle la nécessité de réagir tout de suite. L’Histoire est là pour nous le confirmer.