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Chronique santé

Les malades du capitalisme

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Santé

La santé mentale est définie par l’Organisation mondiale de la Santé comme un « état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès ». Elle ne se résume pas à « une absence de maladie ou d’infirmité », et se distingue des pathologies psychiatriques.

L’enjeu de la santé mentale est de plus en plus présent dans le débat public.

En 2021, à l’issue des Assises de la Psychiatrie, Emmanuel Macron annonçait trente mesures pour promouvoir « une véritable culture de la santé mentale au sein de notre société ».

Or, le baromètre annuel du bien-être mental révélait en octobre 2023 un sentiment de mal-être chez un Français sur deux. Parmi eux, 32 % identifiaient une charge mentale pesante en lien avec l’activité professionnelle. 12 % n’avaient pas d’explication.

Les contraintes de temps, la multiplication des tâches pour atteindre des objectifs inatteignables, le manque de soutien et de reconnaissance, les traumatismes moraux sont des facteurs de stress reconnus.

Le médecin canadien Gabor Maté considère que nos modes de travail nous rendent malheureux et plus vulnérables aux maladies ainsi qu’aux addictions. Il l’affirme : « le capitalisme et notre rapport au travail nous rendent malades ».

Le philosophe britannique Mark Fisher dénonçait en 2022 l’appel à la responsabilité de chacun comme une tactique des plus réussies de la classe dominante. L’individu des classes subordonnées est amené à penser que « sa pauvreté, son manque d’opportunité ou son chômage sont de sa faute ».

Tout comme l’individu éco-anxieux se culpabilise s’il n’effectue pas quotidiennement de petits gestes qui ne compenseront jamais la pollution engendrée par l’activité industrielle dictée par la loi du marché. Cette « dépression délibérément cultivée » induit une soumission fataliste à l’austérité, et au fait que « les choses vont empirer ».

La souffrance psychique est de plus en plus considérée comme l’incapacité à s’adapter. Or, il faudrait s’adapter à une situation que l’on ne peut pas changer. Face à cette conception réductrice de la souffrance, la prescription de médicaments psychotropes est le premier recours, notamment chez les femmes, celles issues des milieux populaires en particulier.

On savait déjà que les maladies somatiques, comme le cancer ou les pathologies cardio-vasculaires, étaient inégalement distribuées selon les catégories socio-professionnelles et qu’un cadre vivra en moyenne 13 ans de plus qu’un ouvrier. Une étroite corrélation est également démontrée entre niveau de revenus et santé mentale.

Mark Fisher estimait qu’une « reconstruction de la conscience de classe » était possible. Tout repose sur « les capacités à convertir un mal-être privatisé en une colère politisée ».

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