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Non au mot-valise « paralympiques »

Vivent les jeux para-olympiques !

Accès libre
Mise à jour le 23 octobre 2024
Temps de lecture : 3 minutes

Pourquoi parler de jeux « paralympiques » et non de jeux « para-olympiques » ? Au-delà de la question sémantique, la novlangue s’avère contre-productive et œuvre au détriment d’un bel événement.

Aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale au Royaume-Uni, sont organisées des compétitions entre militaires grièvement blessés durant les combats et ayant perdu un membre ou plusieurs. C’est la première fois que de tels jeux sont organisés entre invalides.

En 1960, à Rome, lors des Jeux olympiques, se déroulent des épreuves entre sportifs invalides ; pour la première fois, elles se déroulent la même année et dans la même ville que les épreuves entre sportifs valides. Il faut attendre les Jeux de Séoul de 1988 pour que se renouvelle cette expérience. De 1964 à 1984, de Tokyo à Los Angeles, les jeux entre invalides ne seront plus organisés dans les mêmes villes que les autres, qui tiennent le haut du pavé et occupent l’espace médiatique.

Malentendu sémantique

Nous avons choisi de délaisser l’adjectif officiel paralympique pour lui préférer le terme para-olympique. Les handicapés n’auraient donc pas accès à l’Olympe, domaine des dieux de la Grèce antique ? Une fois de plus, ils n’ont pas droit au même traitement que le commun des mortels. Fouillez dans vos dictionnaires les plus exhaustifs : le terme « lympique » est introuvable... En revanche, nous sommes capables d’utiliser le terme pré-olympiques pour désigner la période qui précède les jeux. L’adjectif paralympique crée un malentendu et ainsi dévalue ces épreuves.

Qu’est-ce qu’être handicapé ? C’est vrai, ce terme n’a plus droit de cité. On n’est pas handicapé, mais on vit en situation de handicap, charabia devenu obligatoire depuis une trentaine d’années. On tourne autour du sujet, on évite de dire les choses franchement, clairement. Une personne vivant avec un handicap serait une sorte de schizophrène vivant certaines heures comme tout le monde et d’autres où il subirait son handicap.

Quelle belle hypocrisie… Certes, aucune personne n’est réductible à son apparence, voire à son vécu, argument ontologique que l’on s’empressera de m’opposer, mais il est contre-productif de vouloir masquer la réalité. C’est vouloir créer l’illusion que nous pouvons vivre ensemble sans nous soucier de l’être de chacun, pris dans sa totalité et son droit absolu d’exister et de s’émanciper.

Préférer l’intelligence de la volonté

Ces épreuves ouvertes à des femmes et des hommes handicapés sont au cœur de nos valeurs républicaines et de notre principe de laïcité, que beaucoup rabougrissent, en le traduisant par le concept fourre-tout de « vivre-ensemble ». Nous savons que vivre ensemble, en famille, tribu ou clan, est indispensable à la survie de l’espèce ; mais « vivre-ensemble » ne peut en aucun cas se substituer à la devise de notre République : Liberté, Égalité, Fraternité, et à son principe, la laïcité.

De tout temps, des hommes vécurent « ensemble », côte à côte, même dans la violence et l’inégalité absolue, maîtres et esclaves, déportés et gardiens… La question selon nous n’est pas de vivre ensemble, elle est d’être et d’agir ensemble. Tâche difficile et indispensable pour l’épanouissement des potentialités de chacun et l’émancipation de toute l’humanité.

Les jeux para-olympiques sont certes une pierre à cet édifice, une petite pierre qui mérite d’être polie et ciselée. En attendant, le mot-valise paralympiques empêche de prendre en compte la violence de la réalité et donc d’être à même de la transformer ; c’est préférer le masque à l’intelligence de la volonté.

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