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Alexandros Michailidis/shutterstock
Lecornu

Union sacrée pour la guerre et la dette

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Luttes Guerre Gouvernement

Ceux qui se refusaient à faire – ou plutôt à voir – le lien entre l’austérité, l’appauvrissement organisé et la guerre s’en prennent un coup. Les choses vont vite. Très vite. À tel point que l’on oublie des « événements » pourtant qualifiés d’« historiques » quelques jours plus tôt.

Dernier exemple en date, la nomination de Sébastien Lecornu au poste de Premier ministre. Le septième en huit ans. L’un des seuls survivants aux innombrables recompositions gouvernementales. Un fidèle des fidèles, bien assis dans son fauteuil Hôtel de Brienne, au ministère des Armées, qu’il n’avait pas quitté depuis 2022. Si Gabriel Attal avait pour lui d’être le plus jeune Premier ministre de l’histoire (il en faut toujours un !), Lecornu peut se gratifier d’avoir été le plus jeune ministre des Armées depuis Pierre Auguste Lajard. Lajard avait été nommé en 1792 par Louis XVI, moins de deux mois avant la chute de la monarchie. Il s’était ensuite réfugié en Angleterre.

Mais contrairement à son lointain comparse, Lecornu a une mission clairement définie. Mettre d’accord, dans un éventail le plus large possible, toutes celles et ceux qui veulent des « ruptures sans changement » comme le dit Fabien Roussel. Tous les enfants perdus de l’atlantisme. Une tâche bien compliquée en apparence, si l’on oublie qu’un programme commun autour de la guerre et de la dette peut tout à fait convenir à une majorité de ces fractions politiques.

Car le problème de notre nouveau Premier ministre sera peut-être celui-là : faire son choix dans ce qu’il considère être la première menace pour le pays. La guerre et l’hypothétique invasion d’une Russie désormais tournée vers l’Asie ? Ou bien la dette et les difficultés qu’a le pays à payer les marchés financiers ? Les deux, nous dira-t-il. Car en toute cohérence, les deux vont de pair. Il faudra faire payer à la fois la guerre et la finance.

Bien sûr, les débats vont aller bon train. Certains, à l’instar de Raphaël Glucksmann, voudront couper la poire de l’austérité en deux tandis que d’autres voudront supprimer quelques jours fériés. Pendant que monsieur Lisnard, maire de Cannes, propose « d’en finir avec le socialisme » [1], madame Tondelier patronne des écologistes, propose « une augmentation de la contribution du pays à l’Union européenne de 5,7 milliards d’euros » pour « réduire nos vulnérabilités et préparer l’avenir ». [2]

Le débat se place là. Bien loin des besoins réels de notre pays dans un monde où s’ouvre une nouvelle ère. Encore plus loin des attentes d’un peuple qui sent un peu plus chaque jour qu’il s’enfonce dans le déclassement. Déclassement du niveau de vie, d’abord.

Et c’est peut-être là que se joue le fond de l’affaire. Même si Lecornu réussit à conclure l’union sacrée pour la guerre et la dette, il ne mettra pas fin à ce déclassement. Au contraire, il l’accélèrera jusqu’à ce qu’il doive prendre la tangente. Car au milieu de tout ça, il reste un volcan social, une cocotte-minute dont on sait que le couvercle se fissure un peu plus chaque fois qu’il est remis.

La mobilisation du 10 septembre a été une réussite. Elle est devenue une véritable rampe de lancement pour la journée du 18 septembre où les grèves et les manifestations s’annoncent suivies dans tout le pays. Si la cocotte-minute n’a pas pour le moment d’autre perspective que le refus de l’austérité et le renversement de la table, elle pourrait toutefois rebattre les cartes ; tant la solution ne viendra pas des tenants de cette union sacrée.

Notes :

[1Le vice-président du parti Les Républicains écrivait le 12 septembre dernier, en réaction au déclassement de la note de la France par l’agence Fitch « Pour retrouver le triple A, il faudra en finir avec le triple S : Socialisme, Sur-réglementation, Spoliation fiscale. »

[2L’une des propositions du « Plan de sortie de crise des écologistes » publié le 4 septembre 2025

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