La Maison-Blanche n’a pas, pour le moment, indiqué si le président américain s’y rendrait en personne. S’agissant de son homologue ukrainien, qui a participé à tous les sommets depuis 2022, on reste dans l’expectative. Volodymyr Zelensky affirme que l’Ukraine a été formellement invitée mais ne précise pas s’il sera du voyage.
Le secrétaire général de l’Alliance, Mark Rutte, de son côté, a déclaré à des journalistes avoir « invité l’Ukraine au sommet » avant de préciser : « Nous publierons dès que possible le programme avec plus de détails », c’est-à-dire si la question ukrainienne sera ou non au menu.
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On sait que Trump n’y tient guère. En revanche, il tient à ce que ses partenaires, notamment les pays de l’Union européenne, relèvent leurs dépenses militaires jusqu’à 5 % de leur PIB (2 % aujourd’hui). Cela semble en bonne voie quoique certains y rechignent encore. Le président américain a toujours dit qu’il en avait assez de voir les États-Unis payer pour la défense des Européens.
Ce n’est cependant pas la seule pomme de discorde. Trump, qui ne cesse de dire que la guerre en Ukraine « n’est pas ma guerre » que c’est « la guerre de Biden », a compris que ladite guerre était perdue, que la Russie l’avait gagnée. C’est aller un peu vite en besogne, mais ce n’est pas faux. Le 4 juin, après avoir eu un entretien téléphonique avec Vladimir Poutine, Donald Trump a indiqué avoir eu une « bonne conversation, mais pas une conversation qui va mener à une paix immédiate ». C’est le moins qu’on puisse dire.
Le président américain appelait son homologue russe le lendemain d’une série d’attaques ukrainiennes à caractère terroriste sur le sol russe. D’abord contre des cibles civiles – des ponts ferroviaires dans les régions de Koursk et de Briansk (7 morts). Ensuite des attaques de drones particulièrement audacieuses, jusqu’à 4 000 km de la frontière ukrainienne, contre des bases aériennes et des avions de la Triade nucléaire russe, dont plusieurs ont été détruits ou sérieusement endommagés. Kiev a parlé de 41 appareils, ils ne seraient vraisemblablement qu’une demi-douzaine. Moscou n’a pas donné de détails mais au-delà des chiffres, c’est évident qu’il s’agit d’une humiliation.
Poutine a affirmé à Trump qu’il y aurait une réaction appropriée. Comme toujours avec les Russes qui ne manquent ni de sang-froid ni de patience, on ne sait pas quand, où et comment aura lieu la riposte.
L’affaire est extrêmement grave, bien au-delà des dégâts. Le traité START, qui a été négocié à grand-peine par les États-Unis et la Russie, a été violé par l’attaque de la triade nucléaire. L’accord mutuel établit que les bombardiers nucléaires des deux grandes puissances doivent être stationnés à tout moment dans un espace ouvert visible par les satellites. Il vole en éclats.
Les Russes sont persuadés, à juste titre, que les Ukrainiens qui n’ont pas de satellites de renseignement, ne pouvaient pas seuls organiser de telles attaques, surtout aussi loin de leurs bases. Leurs regards se sont tournés vers Washington, c’est pourquoi Trump s’est empressé, deux jours après l’attaque, d’assurer à Poutine qu’il n’était pas au courant.
A-t-il été berné par ses propres services ? On sait qu’il n’a pas que des amis dans l’État profond américain. Ou y a-t-il un autre acteur de l’ombre ? Moscou pense aux services secrets britanniques. Ce serait bien dans leur genre.
Quoi qu’il en soit, et quand bien même les Russes tiennent à continuer de normaliser leurs relations avec les Américains et à négocier avec les Ukrainiens, il ne leur reste pas d’autre choix que de continuer leur pression sur le terrain. Ça ne marche pas mal de ce côté-là : ils progressent sur toute la ligne de front ; sont entrés dans la région frontalière ukrainienne de Soumy et y progressent ; ils ont pénétré dans celle de Dnipropetrovsk, important centre industriel de l’Ukraine (40 % de la métallurgie du pays et 17 % des produits chimiques).
Pour Emmanuel Todd « Le job de Trump va être de gérer la défaite américaine face aux Russes ». À moins qu’il ne laisse tout cela aux Européens, ce ne serait pas la première fois qu’ils paieraient pour les erreurs de l’oncle Sam.