Depuis le 7 juillet, c’est un festival de politique politicienne qui se joue devant nos yeux. Et le spectacle est peu ragoûtant : course des petits chevaux sur fond d’ambitions personnelles, jeu des petites phrases et volonté présidentielle de faire le buzz, rivalités partisanes et égoïstes… N’en jetez plus : le calice est plein, et les travailleurs n’ont pas envie de boire son breuvage amer.
Bien entendu, Macron et sa bande ont joué la partition la plus odieuse, en s’essuyant les pieds sur un front républicain auquel ils ont appelé, avant de cornériser la gauche en s’appuyant sur le RN. Mais le NFP a péché par sa naïveté en n’anticipant pas sur la duplicité des libéraux, et surtout en s’enferrant dans une approche institutionnelle, « à froid » des rapports de force sociaux.
La conséquence a été de jouer sur le terrain de Macron en subissant ses manœuvres et son jeu lamentable de « maître des horloges » sur lequel les courtisans médiatiques glosent déjà ad nauseam sur tous les plateaux. Le NFP est ainsi tombé dans toutes les chausse-trappes du Président, jusqu’à sa mascarade de l’entretien qu’il leur a concédé, en feignant de songer à nommer Lucie Castets à Matignon.
Le signe que la gauche continue de se fourvoyer dans cette impasse du jeu politique exclusif réside dans le fait que tout le NFP se mette dans la roue de la fameuse motion de destitution de Macron. Que Macron porte une politique exécrable est un fait, tout comme le fait qu’il soit depuis 2017 le porte-voix des intérêts patronaux. Mais il n’est que la marionnette choisie au moment T et reconduite par le camp d’en face en 2017 et 2022. Imaginons que la motion soit validée et aboutisse. Imaginons Macron destitué. Rien ne changerait. Les libéraux se choisiraient un nouveau champion, d’autant plus facilement que Macron est désormais discrédité jusqu’à ses propres troupes. Et l’hydre du RN serait inchangée. Quel intérêt à jouer la destitution sinon espérer, comme certains le veulent à tout prix, accélérer la danse jusqu’à des présidentielles anticipées ?
Or, toute échéance électorale sans mobilisation dans les entreprises et dans la rue est condamnée à retomber dans une configuration où la gauche est minoritaire, même unie, face aux libéraux et aux fascistes. C’est donc à un changement de paradigme qu’il faut œuvrer, pour se préparer à remettre les exigences sociales sur les retraites, les salaires, les services publics au premier plan face à un patronat trop heureux d’être en retrait et face à Michel Barnier fragilisé, avant même d’avoir été nommé Premier ministre.
Certes, il ne suffit pas d’incanter une mobilisation massive pour qu’elle se fasse, et il y a loin de la coupe aux lèvres. Une telle perspective se construit. Le 1ᵉʳ octobre sera un jalon crucial en ce sens. Le jeu politique des petits chevaux n’aboutit qu’à nous faire courir comme des hamsters dans une roue. Comme disent les anglo-saxons, « there is no alternative » au retour des luttes sociales et syndicales.