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Billet

Quand l’État déserte, l’industrie meurt

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Mise à jour le 23 mai 2025
Temps de lecture : 2 minutes

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Industrie Sidérurgie ArcelorMittal

Il y a des silences qui tuent plus sûrement que les balles. Le mutisme de l’État français face au sabordage industriel en est un. Vencorex, cédée pour une bouchée de pain à un groupe chinois, est l’un des symboles de cette trahison institutionnelle.

Une entreprise stratégique, indispensable à la filière nucléaire et à l’industrie de défense, liquidée comme un vulgaire actif toxique. Et l’État  ? Aux abonnés absents. Pas un geste pour soutenir la reprise par les salariés. Pas un mot pour défendre un outil crucial. Rien. On vend, on rase, on oublie.

Pendant ce temps, en Angleterre, le gouvernement — pourtant pas franchement bolchevique — intervient pour sauver les hauts-fourneaux de British Steel. Nationalisation temporaire, argent public, plan de relance. L’État britannique assume : l’acier, c’est la souveraineté. Produire chez soi ce qu’on ne peut déléguer aux vents du marché, voilà un réflexe de puissance. Chez nous, au contraire, on laisse crever ArcelorMittal Dunkerque sans sourciller. Le haut-fourneau 4 pourrait fermer, mais c’est à peine si ça trouble la surface de l’eau médiatique. Qui s’en soucie dans les palais de la République ?

Il serait temps de dire les choses clairement : un pays qui ne fabrique plus ses propres aciers, ses propres produits chimiques de base, ses propres moteurs industriels, est un pays à genoux. Un pays qui dépend de chaînes logistiques mondiales volatiles, d’intérêts privés apatrides, de décisions de fonds d’investissement étrangers. Un pays sans colonne vertébrale.

L’État doit redevenir stratège, acteur, décideur. Il doit oser la nationalisation, la reprise en main des outils de production essentiels, et pourquoi pas leur socialisation, leur gestion démocratique par les travailleurs eux-mêmes. Car ce n’est pas l’État qui coûte cher. Ce qui coûte, c’est l’impuissance organisée, la soumission aux marchés, l’obsession du court terme.

Face à l’abandon, il reste la colère. Et cette colère, elle enfle. Elle refuse que nos savoir-faire s’éteignent dans l’indifférence. Elle exige que l’acier coule encore à Dunkerque. Que Vencorex serve encore l’industrie française. Que le mot « souveraineté » ne soit pas qu’un slogan électoral.

L’État ne peut pas rester spectateur. S’il ne revient pas dans l’arène, alors il faudra l’y pousser.

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