Par Nicolas Pomiès, Vice-président de Mutuale, la Mutuelle familiale
Mêmes causes, mêmes effets. Les cotisations 2025 des mutuelles vont devoir prendre en compte les futurs tarifs médicaux qui augmentent. La nouvelle convention médicale a été signée entre les syndicats des médecins libéraux, la Sécu et l’organisation des complémentaires santé (UNOCAM). Certains spécialistes qui n’ont pas obtenu gain de cause pourraient être tentés d’aggraver leurs dépassements d’honoraires. Avec la hausse des remboursements, les mutuelles vont devoir augmenter leur participation aux remboursements des soins. Les organismes prévoient déjà plus de 7 % d’augmentation de leurs cotisations.
Comment peuvent-ils être si prévoyants tandis que le processus de construction de la loi de financement de la Sécurité sociale 2025 serait au point mort comme l’est le budget de l’État ?
Si l’absence de gouvernement pérenne par suite de la dissolution de l’Assemblée nationale retarde le calendrier d’élaboration des lois de financement de l’État et de la Sécurité sociale, les lettres de plafonds du Premier ministre ont été envoyées aux ministres démissionnaires et le « rapport charges et produits » de la CNAM a été édité.
Tout semble indiquer que malgré l’absence d’exécutif et de majorité parlementaire stable, des ordonnances viendront imposer les budgets de l’État et les financements de la Sécu en dehors de tout débat démocratique.
Les budgets de l’État et de la Sécu sont cadrés par LOI n° 2023-1195 du 18 décembre 2023 de programmation des finances publiques pour les années 2023 à 2027. Pour la Sécu, l’Ondam (Objectif national de dépense d’assurance maladie) est de 3 % pour 2025. Nous allons donc assister à de nouveaux transferts de remboursements sur les assurances et les mutuelles. Les annonces par Bruno Le Maire de réduction de prise en charge des affections longues durées (ALD) par l’Assurance Maladie vont-elles être appliquées ?
Cela vise à atteindre l’objectif de 10 milliards d’économies présent dans la loi de 2023, conforme au pacte de stabilité en Europe que la France a signé.
On comprend mieux pourquoi tant de précautions sont prises par Emmanuel Macron pour nommer un Premier ministre. Il serait à la peine si le nouveau gouvernement ne suivait pas les orientations déjà données.
Dans le cadre actuel de l’Union européenne, il n’y a qu’une politique possible. Les citoyens ne sont plus souverains. Leurs parlementaires sont, souvent malgré eux, devenus des contrôleurs de gestion, car ils ne sont plus à la source des lois organiques. « Il ne peut pas y avoir de choix démocratique contre les traités européens » avait dit le président de la Commission européenne Junker.
Le coup d’État démocratique du président français, comme l’a appelé Fabien Roussel, est donc la conséquence des engagements européens de la France.
Les porte-paroles du bloc libéral constitué de classes moyennes et supérieures sont vent debout pour empêcher toute alternative de rupture avec l’appui inconditionnel au processus d’intégration européenne néolibérale.
Voilà en quoi reste essentielle la refonte d’un mouvement social qui réussit à mettre en mouvement les classes populaires hésitantes.
Sinon, le coût des mutuelles et de l’accès aux soins deviendra insupportable.
