Karl Marx disait des Communards parisiens qu’ils étaient « montés à l’assaut du ciel ». C’est avec un enthousiasme encore moins mesuré que la gauche française commente une élection municipale dans un des 50 États des États-Unis d’Amérique.
On imagine sans peine la curiosité et l’intérêt des ouvriers français en 1917 devant la révolution des Soviets en Russie. Essayons donc de faire preuve d’un peu d’appétit pour cette actualité politique, à n’en pas douter, de premier ordre.
Le nouveau maire de la Commune de New York est un prolétaire : fils d’une réalisatrice de films et d’un professeur d’anthropologie, il a connu la douleur de l’expatriation au gré des opportunités professionnelles de ses parents. Il a d’ailleurs partagé le triste sort des classes moyennes en étudiant au lycée privé anglican Saint-Georges du Cap (Afrique du Sud), puis au Bowdoin College (États-Unis), s’acquittant de frais de scolarité de 90 000 dollars par an.
Pas de frémissement à Wall Street
Du côté de la bourse de New York, il n’y a… absolument aucune réaction. Presque tous les indices sont en hausse, comme c’est le cas depuis la rencontre de Donald Trump et Xi Jinping, et leur dernière chute conséquente remonte aux mesures de rétorsion annoncées par la Chine sur les terres rares et leur usage militaire.
Le programme social de la Révolution municipale est pourtant intéressant à plus d’un titre : service municipal de la petite enfance, gratuité des bus, gel des loyers du parc social, supermarché en gestion municipale, etc. Autant de mesures utiles, que les habitants des villes de gauche chez nous connaissent d’ailleurs depuis plusieurs décennies.
Sous l’ironie de ce billet, vous lirez évidemment l’inquiétude de voir la gauche française se focaliser toujours plus sur la vie politique américaine, regarder les évolutions du monde à travers son enthousiasme pour une petite victoire locale et en faire un argument théorique dans les débats politiques nationaux.
Pendant ce temps, peu d’attention est portée aux changements majeurs : le rejet croissant de l’OTAN dans les pays voisins, la progression du fédéralisme européen, la militarisation qui l’accompagne, l’isolement diplomatique et commercial croissant de notre pays, le retard technologique qui résulte de la désindustrialisation, la dépendance accrue à la finance et aux capitaux américains… Mais aussi les possibilités nouvelles, ouvertes notamment par la Chine et les BRICS, de contournement de la dictature du dollar, de coopérations internationales et d’un développement économique alternatif à l’impérialisme.
À voir si le « socialisme démocratique » prôné par le maire démocrate de New York saura effectivement se montrer « réel ».