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Joshua Sukoff/shutterstock
OTAN

Le dilemme russe

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Mise à jour le 28 mars 2025
Temps de lecture : 4 minutes

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Russie Guerre États-Unis OTAN

Sauf s’ils se sont préalablement entendus, ce qui est envisageable mais peu probable – les deux présidents n’ont pas eu, pour le moment, de rencontre physique – le cadeau de « réconciliation » de Donald Trump à Vladimir Poutine a tout d’un cadeau empoisonné.

La trêve de 30 jours que l’Américain propose au Russe laisse pantois. Une trêve pour faire quoi  ? Pourquoi 30 jours  ? Et après  ? On le répète à la fin de toutes les guerres : « le cessez-le-feu n’est pas la paix ».

Pour Vladimir Poutine, la question est : « Que faire ? ».

Rejeter la proposition, c’est se mettre à dos non seulement l’opinion publique mondiale, mais aussi celle de ses meilleurs amis et alliés, la Chine, les BRICS, quoiqu’ils entendent à la complexité de la situation. La marche vers la paix nécessite un cessez-le-feu, c’est évident.

Accepter la trêve sans le début d’un commencement de négociations sur le fond – fixation des nouvelles frontières, avance à l’Est de l’OTAN, démilitarisation et neutralité de l’Ukraine sécurité collective en Europe - c’est prendre à rebrousse-poil l’opinion russe et celle des plus proches du Kremlin qui ne veulent pas des nouvelles trahisons comme celles qu’Hollande et Merkel ont avouées à propos des accords de Minsk I et II.

Et que faire sur le terrain où les troupes russes avancent un peu partout, ont quasiment libéré la bande de territoire de l’Oblast de Koursk que les troupes de Zelensky occupaient depuis le mois d’août 2024 et ne sont plus très loin des limites de l’Oblast de Donetsk.

On sait Trump pressé. Mais a-t-il vraiment un plan de paix au-delà de cette trêve ?

Les seules négociations qui ont réellement commencé, notamment à Riyad entre les ministres des Affaires étrangères Lavrov et Rubio, n’ont concerné, du moins à ce qu’on en sait, les seules relations bilatérales russo-américaines. C’est un grand pas, mais ça ne dit rien de la résolution du conflit. Lequel conflit n’est pas d’abord entre la Russie et l’Ukraine, comme on se plait chez nous à le faire croire, mais entre l’OTAN, les États-Unis en tête, et la Russie. Et ce conflit-là n’a pas débuté en février 2022, mais dès les années 1990 avec l’élargissement de l’OTAN à d’ex-pays du Bloc de Varsovie et les bombardements sur Belgrade et la Serbie.

Trump n’est certes pas comptable de la politique de ses prédécesseurs, de leurs promesses non tenues et de leurs crimes, mais il le sera s’il n’en tient pas compte.

Le dilemme des Russes et aussi celui des Américains. Celui de Poutine est celui de Trump, s’il est sincère.

Il faut que la trêve dessine un chemin clair vers une paix réelle et une sécurité collective qui concerne l’ensemble du vieux continent et le nouveau monde.

L’Europe, et la France en premier lieu, auraient pu, de longtemps, jouer le rôle que l’histoire leur a dévolu, pour résoudre en Européen et entre Européens le conflit qui l’ensanglante à l’Est. Elles ont préféré suivre les États-Unis comme des petits chiens, sombrant dans une russophobie imbécile, ridicule et dangereuse dont il faudra des décennies pour en guérir les métastases.

Du coup, la France comme l’Europe ne sont plus utiles à personne. La position de l’Europe « ne m’intéresse plus du tout », lâchait Lavrov le 13 mars, « L’UE est très mauvaise pour nous. Ils nous traitent très mal », avançait Trump en janvier.

Pas la peine de dire que d’un côté comme de l’autre, on se passe et on se passera de l’Europe. Si besoin, on la sifflera. « Si on le leur ordonne, ils le feront », dit Lavrov.

Trump, depuis des années, insiste sur le fait que les Européens ne paient pas ce qu’ils doivent pour leur défense la laissant aux bons soins des États-Unis. Le « réarmement » annoncé comme une marque d’indépendance de l’Europe vis-à-vis des États-Unis, n’en est pas une. C’est, au contraire, une nouvelle allégeance.

On a compté dans l’histoire de l’Europe, et dans la nôtre en France, de puissants mouvements anti-guerres, pour la paix, pour le désarmement. L’atonie actuelle, en plein conflit en Europe, et face au « réarmement » devrait nous inquiéter, surtout, nous interroger.

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