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Hydrogène

La France et l’Europe livrées à Washington

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Mise à jour le 8 août 2025
Temps de lecture : 5 minutes

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États-Unis Union européenne Hydrogène

L’accord entre Ursula von der Leyen et Donald Trump est une capitulation. Il ouvre en grand les portes du marché européen aux technologies subventionnées des États-Unis, sans réciprocité, sans défense de nos intérêts industriels.

La France se résigne. Le gouvernement pour le moment accepte cette reddition. Peut-être sera-t-il bientôt contraint d’agir face à la colère du pays qui monte ? Et pendant ce temps, nos projets industriels piétinent, voire sont gelés, nos usines menacées, notre souveraineté énergétique bafouée.

Une trahison climatique et industrielle

L’hydrogène est un pilier de la transition : il permet de décarboner l’industrie, notamment dans la chimie et la sidérurgie, les transports lourds de la route, il promet des avancées dans l’aéronautique du futur, il réduit notre dépendance aux énergies fossiles.

Mais aujourd’hui, l’Union européenne recule. En effet, elle exclut l’hydrogène des scénarios 2040, et accepte que les règles du jeu soient dictées par Washington, alors que la Chine avance, elle, à grande vitesse : 2 millions de tonnes d’hydrogène vert produits, contre moins de 100 000 en Europe.

L’accord Von der Leyen-Trump n’est pas une erreur d’aiguillage. C’est la suite logique de la soumission de l’UE à l’impérialisme américain et du fonctionnement anti-démocratique de l’Europe d’aujourd’hui. La Commission ne défend aucunement les intérêts des nations européennes en donnant un coup de couteau mortel dans le dos des milliers d’entreprises, ingénieurs, chercheurs, ouvriers, agences de l’environnement qui bâtissent, depuis des années, une filière d’avenir et travaillent plus largement pour la décarbonation.

Un sursaut stratégique et démocratique est nécessaire

Il est temps d’opposer à cette abdication une planification nationale démocratique de la production d’énergie. Cette planification doit devenir le levier pour construire un véritable pôle public et national de l’énergie qui garantirait notre indépendance stratégique, notamment grâce au développement du nucléaire et à un mix énergétique avec les énergies renouvelables. La nation maîtriserait ainsi son avenir énergétique et pourrait agir en faveur de la baisse des coûts pour les ménages et les entreprises, notamment pour nos industries.

Comment avancer concrètement ?

D’abord par une mise au travail immédiate :

— des ministères concernés,
— avec les industriels,
— les syndicats de salariés
— les professionnels des différentes filières dont celle de l’hydrogène,
— les parlementaires,
— et les élus des territoires

Cette concertation doit définir une feuille de route claire, soumise au Parlement, débattue, amendée et approuvée.

Elle deviendrait un objectif stratégique de la Nation, soutenu par des fonds publics incitatifs, avec un suivi transparent et des résultats mesurables. Toutes les aides aux entreprises seraient ainsi conditionnées à des objectifs technologiques, sociaux et environnementaux suivis et évalués annuellement devant la représentation nationale.

L’avenir repose sur deux piliers essentiels. D’abord, mobiliser tous les acteurs de la filière hydrogène pour peser sur les choix politiques, empêcher le démantèlement de ce secteur stratégique, défendre les emplois et les savoir-faire. Ensuite, développer une coopération renforcée avec la Chine et les pays des BRICS, pour sortir de la domination et des chantages des États-Unis, construire un marché mondial plus équilibré, et investir dans des partenariats gagnant-gagnant.

Le moment d’agir, c’est maintenant

Il ne faut pas laisser l’industrie verte mourir en silence. Ce serait abdiquer pour le climat, pour l’emploi, pour le pays. L’accord commercial USA-UE est un marché de dupes, une soumission totale de l’Europe. Il est temps de le rejeter, et de proposer une alternative industrielle, écologique et souveraine.

La planification démocratique de l’énergie n’est pas un luxe. Elle peut mobiliser des centaines de milliers de citoyens, d’élus, de travailleurs et d’entrepreneurs, et organiser une forme de nouvelle résistance à la soumission vers laquelle la Commission européenne nous entraîne.

Les indignations et les déclarations politiques offusquées des uns et des autres, si compréhensibles soient-elles, ne changeront rien. Quand la nation, son industrie et donc son indépendance sont tant menacées, c’est à ses forces vives, au monde du travail et de la création de se faire entendre et de combattre.

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