Cette proposition est un nouveau renoncement devant l’obstacle, un recul face à l’objectif qui, de tout temps, a été celui de la gauche républicaine : un grand service publique laïque de l’éducation.
Proposer comme solution de soumettre au critère de mixité sociale les subventions à l’enseignement privé, c’est laisser croire qu’enseignement privé et enseignement public deviendraient alors équivalents. Or, il n’en est rien, quelles que soient les conditions posées. De par la loi, les établissements privés disposent d’un « caractère propre » qui leur permet d’orienter l’enseignement qui y est dispensé.
Renforcer la mixité sociale dans l’enseignement privé conduirait à ce que davantage d’enfants issus des classes populaires fréquentent ces établissements. Laisser la majeure partie de l’enseignement aux mains de la bourgeoisie qui dirige l’enseignement privé tout en affaiblissant l’enseignement public serait une faute politique aux conséquences particulièrement graves. Contrairement à l’école publique, dans les établissements privés l’esprit critique n’a droit de cité qu’à la condition que l’on ne remette pas en cause l’ordre établi. Pouvons-nous confier l’éducation et l’enseignement des enfants de la classe ouvrière aux écoles privées dirigées à 96 % par l’Église catholique, paravent de la bourgeoisie et du patronat ?
Soyons clairs, si aujourd’hui, de plus en plus de parents choisissent un établissement privé pour leurs enfants, c’est bien parce que l’école publique est défaillante.
Notre objectif doit être de rendre l’école publique « désirable » aux yeux des parents en lui donnant les moyens de la réussite de tous. C’est parce que l’école publique deviendra une école qui permet à chaque élève de réussir son cursus scolaire qu’elle redeviendra l’école de tous. Et, en ce domaine, nous ne manquons pas de propositions.
Alors, la bataille à mener aujourd’hui n’est certainement pas celle de la mixité à l’école privée, mais bien celle des moyens de la réussite de tous à l’école publique.