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Vladimir Zhoga/shutterstock
Par Philippe Pivion

Criminaliser le mouvement communiste.

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Extrême droite Histoire

La ville de Saint-Raphaël a décidé d’une plaque « commémorative aux victimes du communisme ». Une semaine plus tard, la ville d’Hénin-Beaumont envisage la même démarche. De quoi s’agit-il ? Bien sûr, l’anticommunisme a toujours été un des ciments de la droite et de l’extrême droite. Qu’une ville Ciotiste et qu’une Lepéniste aient la même démarche ne peut surprendre et gageons que d’autres communes de ces louches obédiences emboiteront le pas. Mais la démarche semble plus profonde, plus mondiale qu’il n’y paraît.

En France, le communisme et son parti, le PCF, se battent pour exister, une question fondamentale pour la société française. La république (la Vème) est moribonde, le besoin de démocratie, de fonctionnement des institutions est posé, mais aussi un besoin d’emploi, de salaires, d’écologie s’affirme avec plus de force chaque jour, sans que le communisme ne semble bénéficier de soutien plus large.

Partout dans le monde la question du mieux vivre, de la paix, de la protection sociale émerge avec une force accrue. Aux États-Unis, Trump a déclaré la guerre à son peuple en envoyant la Garde nationale réprimer les manifestations, appréhender les militants, chasser les faciès. Il le fait au nom de la défense de l’Amérique et de ses valeurs, de Dieu et surtout en développant une nouvelle attaque anticommuniste d’une virulence inouïe. Le communisme est-il une menace pour les États-Unis ? On le saurait ! Certes, un parti communiste existe, il se renforce, mais tant la droite que le parti démocrate ne veulent en entendre parler, il n’est nullement question d’une autre société, mais toujours d’une Amérique plus forte et plus grande. Or, si selon la phrase de l’historien brésilien, Rodrigo Patto Sá Motta : « les USA sont la forteresse mondiale de l’anticommunisme », les États-Unis doivent soutenir la démarche extrémiste y compris en France, ce n’est pas un hasard.

Les USA à la tête d’un mouvement mondial de l’anticommunisme ? C’est une hypothèse plausible. L’arrivée de Trump à la tête de ce pays semble désinhiber les tenants de l’ordre noir. C’est aussi le signe d’une fragilité politique des puissances dominantes comme le souligne Domenico Losurdo. N’était-ce pas Trump qui, en août 2024, affirmait en pleine campagne électorale : « Vous allez être jetés dans un système communiste où tout le monde aura accès aux soins ». Depuis, il élargit son champ lexical et évoque plus largement l’étiquette marxiste pour clouer ses adversaires au pilori. En fait, il a raison ! Comment expliquer aujourd’hui les crises sans fin du capitalisme, une lutte des classes d’une intensité record avec une richesse scandaleusement étalée provenant d’une exploitation éhontée de la force de travail des plus humbles, des guerres impérialistes actuelles sans remettre en relief la théorie des principes marxistes ?

Nous sommes en quelque sorte à la croisée des chemins. La planète bascule dans l’inconnu climatique. Le capitalisme rencontre des limites qu’il ne peut tolérer. La question d’un changement global de société se pose, pas seulement dans un ou deux pays, mais de manière universelle. La vraie question à l’ordre du jour, c’est : quelle société développer à la place d’une société capitaliste suicidaire ? Car, ceux qui prônent une adaptation des modes de production et d’échanges comme la sociale démocratie, constatent amèrement qu’il n’y a pas d’alternative dans le capitalisme. L’écologie doit également convenir qu’il n’y a pas en dehors d’une révolution du mode de production d’issue écologiste à la situation mondiale. Enfin donc, qui peut proposer une société différente ? Les seuls qui, partant des analyses marxistes, le fassent, ce sont les communistes. Et comme la question se pose avec une acuité et une urgence totales, les tenants de l’ordre établi n’ont pas d’autre choix que de montrer les horreurs d’un système communiste qui, rappelons-le, n’a toujours pas vu le jour dans un seul pays du monde. Alors, au nom de la Liberté, une tendance générale a lieu, y compris en Europe : criminaliser le mouvement communiste et les idées développées à ce titre. Le dernier exemple en date en Tchéquie est l’interdiction de la promotion de l’idéologie communiste depuis le 17 juillet 2025 avec des peines passibles de 5 ans d’emprisonnement !

Alors, quoi de surprenant que deux élus aux ordres, un Frédéric Masquelier (Saint-Raphaël) en mal d’existence et un Briois (Hénin-Beaumont) en mal de reconnaissance, décident d’utiliser les fonds municipaux, l’argent public, pour lancer une piètre offensive anticommuniste en apposant une stèle « aux victimes du totalitarisme communiste ». Comme le soulignait Ian Brossat avec humour : « En France, les seules victimes du communisme, ce sont les nazis et les collaborateurs, et c’est notre plus grande fierté. » Et pour conclure : une stèle  ? Mais il y en a dans tous les villages au nom de tous les morts soi-disant pour la patrie en 14/18 alors que comme disait Anatole France, ils sont tombés pour des marchands de canons. Dans les villes et les campagnes, nul n’a besoin de nouvelles stèles mensongères  ! Même pour les victimes du capitalisme, il n’en est pas besoin car elles dépassent le genre humain, la victime, c’est le monde tel que nous l’avons connu.

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