Pour des générations de progressistes, d’antifascistes et d’anticolonialistes, l’Organisation des Nations unies était l’expression d’un nouvel espoir mondial. En ce moment de bilan, alors que l’ONU peine à répondre aux conflits actuels, il convient de mesurer le fossé entre ses principes fondateurs et sa réalité contemporaine.
San Francisco 1945, les bases d’un ordre mondial alternatif
Quand les délégués de 50 pays se réunissent à San Francisco au printemps 1945, l’ombre des dizaines de millions de morts de la Seconde Guerre mondiale plane sur les débats, le conflit perdure en Asie-Pacifique. Il s’agit de ne pas répéter les erreurs de l’entre-deux-guerres, l’échec de la Société des Nations (SDN). La Charte adoptée le 26 juin fonde l’ONU sur des principes clairs : souveraineté des États, règlement pacifique des différends, développement économique et social, respect des droits fondamentaux.
Elle prévoit une Assemblée générale où chaque État dispose d’une voix, un Conseil de sécurité censé prévenir les conflits, un Conseil économique et social, et une Cour internationale de justice. À l’origine, l’ONU apparaît comme une tentative de bâtir un contrepoids à la loi du plus fort.
Dès…