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U.S. Air Force - Domaine public
Crimes de guerre

Agent Orange, le poison que les États-Unis refusent d’assumer jusqu’au bout

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Mise à jour le 4 décembre 2025
Temps de lecture : 3 minutes

Mots -clé

Guerre États-Unis Vietnam Histoire

Un demi-siècle après la guerre du Viêt Nam, l’Agent Orange continue de tuer, mutiler et handicaper des milliers de personnes au Viêt Nam, au Laos, au Cambodge… et aux États-Unis.

Washington a reconnu une partie de ses responsabilités, mais toujours a minima, toujours sous pression. Les victimes asiatiques restent traitées à deux vitesses, et les enfants des vétérans américains demeurent largement exclus. Au-delà des bilans sanitaires, c’est le déni politique d’une puissance qui refuse de regarder son propre crime environnemental et humain en face.

Une arme chimique qui ne dit pas son nom

Les États-Unis ont beau dire que l’Agent Orange était un simple « herbicide », personne n’est dupe. Lorsque tu déverses 76 millions de litres d’un produit contaminé par une dioxine parmi les plus toxiques jamais synthétisées, lorsque tu sais qu’elle provoque cancers, malformations et handicaps intergénérationnels, tu ne fais pas du jardinage militaire. Tu fais la guerre par la chimie.

Si la Convention sur les armes chimiques n’inclut pas l’Agent Orange, c’est d’abord parce qu’elle a été écrite après l’usage massif de ces produits. Pour les familles, la qualification juridique n’a aucune importance. Les corps, eux, ne mentent pas. L’Agent Orange a agi comme une arme de destruction lente, frappant les civils, les sols, les rivières et la reproduction humaine.

Washington répare… mais seulement là où ça l’arrange

Au Viêt Nam, les programmes américains de dépollution et d’aide sanitaire existent, mais ils sont le fruit de 30 ans de déni, puis d’une normalisation diplomatique devenue stratégique face à la Chine. Plus de 472 millions de dollars ont été investis — une somme importante, mais dérisoire face à l’ampleur d’un désastre qui touche plusieurs millions de personnes.

Plus problématique encore : les angles morts volontaires.

  • Les enfants de vétérans américains ? Exclus, sauf si la mère a servi sur le terrain.
  • Les habitants du Laos et du Cambodge ? Oubliés, invisibilisés, abandonnés.

Le cas laotien est emblématique : quelques millions de dollars accordés par le sénateur Leahy, un programme (OKARD) brusquement supprimé en 2024, et une indifférence internationale totale. Pourtant, c’est sur ces territoires que l’armée américaine a massivement pulvérisé pour couper la piste Ho Chi Minh.

La hiérarchie des victimes est limpide : réparer au Viêt Nam, devenu partenaire stratégique ; ignorer le Laos et le Cambodge, jugés géopolitiquement inutiles. C’est moins une politique humanitaire qu’une politique de puissance.

Le deux poids, deux mesures d’une superpuissance

Washington exige la transparence, la responsabilité morale et la protection des civils lorsqu’il s’agit des autres. Mais sur l’Agent Orange, les États-Unis appliquent une doctrine très simple : reconnaître le strict minimum, au strict endroit où c’est politiquement rentable.

Le contraste est violent avec les discours américains sur les « droits humains » et les « normes internationales ». Tant que le Laos et le Cambodge resteront abandonnés, tant que les enfants de vétérans seront ignorés, la condamnation de l’usage d’armes chimiques par d’autres restera un miroir brisé.

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