En effet, 2025 marque le 80ᵉ anniversaire de la création de la Sécurité sociale. Il en fut beaucoup question cette semaine à l’Assemblée nationale à l’occasion du débat sur le projet de loi de finances de la Sécurité sociale. Sur les chaînes d’information en continu, la bataille idéologique fait rage comme d’habitude ; « À cause de la dette, la France n’a plus les moyens de financer son modèle social…notre modèle social est trop généreux…chacun doit faire un effort pour redresser les comptes… »
La Sécurité sociale fut créée par le CNR et le ministre communiste Ambroise Croizat. Sa philosophie fondamentale était de « libérer les Français de l’angoisse du lendemain ». Les libéraux s’emploient à poursuivre le démantèlement de cet édifice protecteur, fruit de luttes sociales et de volontarisme politique ambitieux. Pour mémoire, le taux d’endettement de la France ruinée par la guerre était en 1945 de 160%. Un tel projet était une véritable utopie, et ils l’ont fait !
Ce ne sont pas les quelques prétendus abus en matière de soins qui sont la cause du déficit de la Sécu, ce sont là encore les recettes qui font défaut. Aujourd’hui dans notre pays, ce ne sont pas moins de 26 millions de salariés qui travaillent dans des entreprises qui bénéficient d’allègements de cotisations. Le seul CICE de François Hollande coûtait chaque année 20 milliards d’euros ! Macron l’a transformé en allègement de « charges ». Gabriel Attal déclarait il y a quelque temps que la France ne peut plus fonctionner avec un modèle bâti en 1945. En 2007, un responsable du MEDEF, Denis Kessler, recommandait à Nicolas Sarkozy tout juste élu : « Il faut sortir de 1945 et défaire méthodiquement le programme du CNR ».
Cela s’appelle avoir de la suite dans les idées. Le capitalisme voit dans la protection sociale un gigantesque marché de 67 millions de clients ! Aux États-Unis, 100 millions de personnes ont une dette médicale, elles ont dû emprunter pour recevoir des soins indispensables. Madame la Sécu, on va vous défendre !