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Géographie

Rebattons les cartes !

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Mise à jour le 5 avril 2025
Temps de lecture : 5 minutes

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Notion

Depuis des mois, les cartes géographiques refont leur apparition sur nos écrans, sur fond de tensions géopolitiques croissantes. Pas une semaine ne passe sans que les cartes de l’Ukraine et de la Russie n’apparaissent dans les journaux télévisés. Mais aussi, depuis peu, celles du Groenland (la volonté de son annexion par l’administration américaine), du canal de Panama (la question de sa propriété soulevée par D. Trump) , de la RDC (conflit entre le M23 et l’armée régulière), de Mayotte et de son voisin les Comores, et dernièrement de l’Algérie.

Les cartes, les cartes… Yves Lacoste dans son livre La géographie, ça sert d’abord à faire la guerre introduisait, dans les années soixante-dix, une géographie géopolitique loin des cartes scolaires autrefois accrochées aux murs de nos écoles qui esquissaient le Bassin parisien, les massifs des Préalpes du Nord ou la densité de population de la Belgique.

Héritage d’une vision occidentale

En réalité, les cartes de géographie sont fausses et elles nous induisent en erreur.

Pourquoi ? Non par le contour des frontières ou les noms des capitales, mais par la manière dont elles représentent le monde. Une représentation du monde dessinée par des européens à la fin du XVIe siècle. En effet, la première carte a été formalisée par le géographe flamand Gerardus Mercator en 1569. Une projection cartographique de la Terre, dite « cylindrique », tangente à l’équateur du globe terrestre, sur une carte plane.

Le problème de cette représentation, c’est qu’elle déforme ! Elle agrandit mécaniquement les surfaces. Saviez-vous que le Groenland n’est pas cette immense tache blanche en haut à droite du Canada. En réalité, le Groenland est beaucoup, beaucoup plus petit en termes de surface que sa représentation sur nos atlas (visitez le site The True Size Of pour faire le test).

La seconde conséquence est la représentation que l’on se fait de l’Afrique et de l’Amérique du Sud ! Nous serions capables, en équivalent km², de loger les États-Unis, l’Europe, la Chine et l’Inde dans le continent Africain et il resterait encore de la place !

Cette habitude de l’occident de voir le monde est un problème ! Le problème des volumes et de leur représentation induit sur les enjeux, les potentiels.

C’est l’Europe, au travers des principes de cartographie, qui s’est représentée au centre et plus grosse qu’elle n’était au départ. Depuis l’aube de l’hégémonie mondiale européenne (et, par la suite, américaine), les habitants des pays occidentaux ont largement appris à se considérer comme étant au centre de l’Histoire du monde. Cette version de l’Histoire imprégnait tout, y compris la géographie et, par la suite, la cartographie.

Changer d’échelle pour changer de regard

Bien sûr, il y avait un côté pratique de dessiner le monde sous cette forme et surtout pratique pour la navigation, les siècles derniers.

Cette forme n’a jamais été remise en cause depuis 400 ans et cela nous arrange. Mais cette représentation du monde a structuré et structure encore notre représentation de ce qui nous entoure, nous au centre et les autres plus petits, donc satellitaires.

Il est intéressant de regarder les cartes telles qu’elles sont diffusées et étudiées à d’autres points du globe. Vu la représentation chinoise du monde, l’Europe est à l’extrémité, loin de tout, et la chine (Le mot chinois pour la Chine fusionne deux caractères, 中 (zhōng) signifiant milieu ou central, et 国 (guó) signifiant royaume ou pays. Ensemble, ces personnages forment 中国 : Empire du Milieu.) fait face aux USA.

D’ailleurs, les faucons de Washington se réfèrent de plus en plus à cette carte pour se préparer à un conflit majeur dans le pacifique. L’adversaire, le danger, le nouveau front économique et militaire se joue à cet endroit. D’où, peut-être, le désintérêt croissant des États-Unis pour l’Europe et la guerre en Ukraine qui parait bien loin des enjeux géopolitiques du moment vu de cette zone géographique.

Peut-être que remettre les cartes à la bonne échelle, à les retourner (par exemple – carte dont le centre est l’arctique) ou à les décaler nous aiderait à mieux comprendre ce qui va se jouer dans les prochaines décennies.

Imaginer les volumes, c’est imaginer les potentiels de développement, les enjeux de démographie, de ressources, de besoins et les risques. Regarder et zoomer sur les cartes, c’est aussi mieux décrypter une actualité qui s’accélère. Regarder les cartes c’est aussi se forger une opinion loin des médias mainstream qui n’assurent plus le décryptage du monde pour les citoyens. Les cartes n’ont jamais été autant un outil de propagande.

Représenter le monde tel qu’il est, c’est penser. Alors à nos cartes !

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