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Nouvel ordre

Vers une lutte mondiale contre le réchauffement climatique… sans les États-Unis ?

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Mise à jour le 14 août 2025
Temps de lecture : 5 minutes

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BRICS ONU États-Unis Climat

La lutte contre le changement climatique rend inévitable la coopération internationale. La décision prise par la Maison-Blanche de licencier les derniers « négociateurs climatiques » états-uniens rebat les cartes. C’est un coup dur porté à la gouvernance climatique mondiale, mais est-ce une fatalité ?

La question peut raisonnablement se poser. Les États-Unis restent le pays qui a émis plus de dioxyde de carbone que tout autre dans l’histoire et conservent encore – pour combien de temps ? – une prédominance sur bien des aspects du commerce mondial.

Le retrait américain s’accélère

Dès le mois d’avril, Donald Trump a supprimé le bureau américain chargé de la diplomatie climatique, mettant fin aux fonctions des représentants des États-Unis dans les discussions internationales encadrées par l’ONU, notamment les COP (Conférences des Parties) sur le climat. Cette décision laisse planer un sérieux doute sur la participation du pays à la COP30, prévue en novembre prochain à Belém, au Brésil. Elle s’ajoute aussi à une nouvelle sortie des Accords de Paris, qui deviendra effective en janvier 2026.

Dès lors, les États-Unis ne seraient plus que de simples observateurs, sans droit de parole ni de vote aux COP. Ces annonces visent avant tout à flatter une partie de l’électorat américain. Mais sur le fond, elles traduisent une forme d’irresponsabilité inquiétante et d’égoïsme, à rebours de l’urgence climatique qui impose au contraire coopération, dialogue et multilatéralisme. Ce retrait s’inscrit dans une dynamique plus globale : Washington sera également absent du prochain G20, qui se tiendra en fin d’année en Afrique du Sud.

Une gouvernance climatique en recomposition

Le temps, lui, n’attend pas. Le changement climatique poursuit son œuvre, que les États-Unis soient ou non à la table des négociations. Partout dans le monde, les peuples subissent déjà des canicules plus fréquentes, des sécheresses plus longues, un stress hydrique grandissant qui affecte les rendements agricoles et fait planer une menace directe sur la sécurité alimentaire. La montée du niveau des mers expose de vastes zones côtières à l’inondation répétée ou à la disparition pure et simple. Et dans le même temps, des maladies vectorielles comme la dengue, le paludisme ou le chikungunya s’étendent à des zones auparavant épargnées.

Face à ces bouleversements, les pays du Sud, en première ligne des catastrophes, rappellent qu’on ne peut pas se payer le luxe du pessimisme. Une recomposition est en cours. La Chine, devenue un acteur central de la transition énergétique, investit massivement dans les énergies renouvelables, les technologies vertes et les mécanismes de coopération Sud-Sud. Elle prend une place de plus en plus importante dans les négociations climatiques mondiales. Avec elle, de nombreux pays du Sud — du Brésil à l’Afrique du Sud, en passant par l’Égypte, l’Inde ou la Russie — portent l’idée d’un multilatéralisme renouvelé, ancré dans les priorités des pays en développement. Une autre forme de leadership international est en train de se dessiner, à rebours des logiques d’hégémonie.

À la crise climatique vient se superposer une crise du financement. Le fossé entre les objectifs — notamment les Objectifs de Développement durable définis par l’ONU — et les moyens réellement engagés est abyssal. L’éradication de l’extrême pauvreté, la garantie de la sécurité alimentaire, la construction d’infrastructures résilientes ne peuvent être atteintes sans un choc massif de financement, aujourd’hui encore largement défaillant. C’est ce que dénonce régulièrement le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, appelant à une réforme en profondeur de l’architecture financière mondiale.

Quoi qu’il en soit, le « vide » laissé par les États-Unis sera inévitablement comblé. Et si le pays choisit l’isolement, d’autres forces, plus nombreuses, plus solidaires, pourraient bien prendre les rênes d’une gouvernance climatique réellement multilatérale.

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