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Stephan Morris/shutterstock
Environnement & biotechnologies

Ces champignons qui digèrent le plastique

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Mise à jour le 8 août 2025
Temps de lecture : 4 minutes

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Environnement

Des chercheurs ont identifié plusieurs espèces de champignons capables de décomposer les plastiques les plus polluants. Une avancée scientifique qui pourrait changer la donne dans la lutte contre la pollution plastique.

Et si la solution au fléau des déchets plastiques venait du règne fongique ? Plusieurs espèces de champignons microscopiques, présentes dans les sols tropicaux, les milieux marins ou même les décharges, sont capables de dégrader des plastiques réputés quasi-indestructibles comme le polyéthylène, le polypropylène ou le polyuréthane.

L’un des plus prometteurs est Aspergillus tubingensis, découvert en 2008 au Pakistan. En laboratoire, il est parvenu à décomposer jusqu’à 90 % d’un échantillon de polyuréthane en trois semaines seulement. Ce champignon produit des enzymes spécifiques capables de casser les longues chaînes de polymères, rendant la matière plus simple à absorber ou à recycler.

Des super-pouvoirs fongiques encore peu exploités

Une autre espèce, Pestalotiopsis microspora, découverte en Amazonie en 2011, est capable de digérer du plastique sans oxygène, ce qui ouvre la voie à des applications en décharge ou dans des systèmes fermés. D’autres champignons marins comme Parengyodontium album dégradent les plastiques exposés à la lumière, tandis qu’Engyodontium et Aspergillus terreus réduisent la masse du polypropylène de 27 % en trois mois, si le plastique a été fragilisé par les UV ou la chaleur.

Ces découvertes restent pour l’instant cantonnées aux laboratoires, mais des essais en conditions réelles ont débuté depuis 2024, notamment en Inde, en Allemagne et au Canada. À terme, ces champignons pourraient intégrer des bioréacteurs industriels, voire être utilisés pour le traitement in situ de déchets dans les zones fortement polluées.

Une voie prometteuse s’ouvre donc : celle de la bioremédiation par les champignons, une solution naturelle à un problème global, pour peu que les moyens suivent.

Comment ça marche ?

Les champignons décomposent les plastiques en sécrétant des enzymes comme des estérases, des laccases ou des oxydoréductases. Ces enzymes « coupent » les longues chaînes de polymères en unités plus simples. Ces fragments peuvent ensuite être absorbés comme nutriments par le champignon, ou recyclés biologiquement. Certaines souches n’ont même pas besoin d’oxygène ni de nutriments supplémentaires, ce qui les rend utiles en milieux extrêmes (décharges, sols profonds).

Découverte majeures
2008 Découverte d’Aspergillus tubingensis au Pakistan
2011 Identification de Pestalotiopsis microspora en Amazonie
2017 Confirmation en laboratoire : 90 % de polyuréthane dégradé en 3 semaines
2018–2020 Études sur Parengyodontium album, champignon marin
2021–2023 Test sur le polypropylène (Engyodontium, A. terreus)
2024–2025 Lancement d’essais de bioréacteurs fongiques en laboratoire
2027–2029 Phase pilote dans des centres de traitement des déchets
2030+ Espoir d’une commercialisation à l’échelle industrielle
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