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Énergie décarbonée

Un nouveau type de réacteur en voie de révolutionner les centrales nucléaires

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Mise à jour le 7 août 2024
Temps de lecture : 4 minutes

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Nucléaire Environnement Énergie

D’anciens physiciens du CERN ont mis au point une nouvelle technologie qui réduit de 80 % la radioactivité des déchets nucléaires. Cette technologie révolutionnaire pourrait à court terme changer profondément le paysage énergétique mondial et résoudre en grande partie la question hautement sensible des déchets nucléaires. Ce procédé pourrait jouer un rôle crucial pour l’avenir de l’énergie propre et durable.

La société Transmutex, basée à Genève, a développé une nouvelle technologie qui permet d’atténuer l’impact environnemental des déchets nucléaires en utilisant une variété de matériau combustible, le Thorium. La société helvétique développe actuellement un type de réacteur nucléaire au thorium en remplacement de l’uranium. Ce procédé doit permettre de produire de l’électricité de façon plus sûre sans générer les fameux déchets hautement radioactifs.

Les centrales atomiques produisent de l’électricité en utilisant la chaleur générée par les réactions nucléaires. Dans un réacteur classique, les neutrons entrent en collision avec les atomes du matériau combustible, en général l’uranium ou du plutonium. Les atomes se divisent – ce qu’on appelle la fission – libérant de l’énergie et de nouveaux neutrons, entraînant une réaction en chaîne.

Un réacteur à thorium couplé à un accélérateur de particules

La chaleur engendrée par la fission est utilisée pour produire de la vapeur qui actionne des turbines générant de l’électricité. Soulignons au passage qu’un des avantages des centrales nucléaires – contrairement aux énergies intermittentes (panneaux solaires, éoliennes) – c’est de produire de l’énergie en continu sans émettre de gaz à effet de serre. L’inconvénient le plus décrié est donc les déchets nucléaires, actuellement difficiles à stocker de façon définitive.

La solution de Transmutex consiste à remplacer l’uranium par le thorium et à combiner le réacteur avec un accélérateur de particules. Le thorium a la qualité d’être un métal faiblement radioactif et d’être présent en abondance dans les roches de quasiment toute la croûte terrestre. La solution de la start-up Suisse est de fissionner le thorium à l’intérieur d’un réacteur alimenté en neutrons par l’accélérateur de particules couplé à la centrale à thorium.

Moins de déchets et une meilleure sécurité

Ce procédé interdit toute réaction en chaîne de la fission, car à tout moment, le flux de neutrons peut être stoppé par l’arrêt immédiat de l’accélérateur de particules. Ce qui, autrement dit, évite de fait les incidents de type Tchernobyl ou de Fukushima. Selon la Nagra (société coopérative nationale pour le stockage des déchets radioactifs), cette technologie pourrait réduire le volume des déchets nucléaires de 80 % et leur radioactivité à moins de 500 ans.

Ce procédé innovant pourrait jouer un rôle crucial pour l’avenir de l’énergie propre et durable, surtout dans le contexte actuel où l’on est constamment en quête de solutions durables et sûres pour gérer l’énergie nucléaire. Toutefois, selon la société genevoise, il y a des défis à relever, surtout en termes de coût. Il semblerait que construire cet accélérateur de particules à proximité de chaque centrale puisse s’avérer très coûteux.

Les avantages d’un réacteur au thorium
  • Les périodes de désintégration radioactive du thorium sont beaucoup plus courtes que pour une centrale classique. 300 ans contre 30 000 ans pour une centrale à uranium. Les volumes des déchets dangereux sont considérablement réduits  ; quelques kilos au lieu de quelques tonnes.
  • Le cycle du thorium aurait aussi l’avantage de prévenir la prolifération nucléaire militaire, car les sous-produits de la fission du thorium sont inutilisables pour fabriquer une bombe atomique. Cette technologie, qui empêche toute militarisation, donne un autre avantage décisif en permettant une démocratisation à tous les pays de l’énergie nucléaire.
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