La Chine, qui vient de démontrer le cycle autonome thorium–uranium 233 avec un prototype opérationnel depuis 2023, ressuscite une technologie inventée aux États-Unis dans les années 1960 mais abandonnée pour des raisons militaires et politiques. En s’appuyant sur la planification longue, Pékin ouvre la voie à une révolution énergétique capable de transformer l’industrie, de décarboner le transport maritime et de rebattre les cartes de la géopolitique mondiale.
Les États-Unis avaient tout inventé... Puis tout abandonné
L’histoire du thorium ne commence pas en Chine mais dans l’Amérique optimiste et scientifique des années 1960. Au Laboratoire national d’Oak Ridge, le physicien Alvin Weinberg dirige un projet révolutionnaire : le premier réacteur à sels fondus au monde. Entre 1965 et 1969, le prototype MSRE fonctionne plus de 13 000 heures. Il prouve que l’on peut utiliser un combustible liquide, fonctionner à pression atmosphérique, retirer les déchets en continu et atteindre une sécurité inégalée.
Sel fondu, corrosion et alliage chinois GH3535
Les réacteurs au thorium utilisent un combustible liquide mélangé à des sels fondus chauffés à près de 500°C. Or ces sels, très chauds et…