Une nouvelle Ruée vers l’or noir, aussi ambitieuse que destructrice, s’organise à l’échelle mondiale.
Une stratégie offensive sur tous les fronts
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Les majors pétrolières américaines redoublent d’efforts pour accroître leur domination sur le marché mondial des hydrocarbures. Chevron, ExxonMobil et ConocoPhillips, forts de leurs bénéfices records en 2022, ont engagé des stratégies offensives visant à maximiser leurs réserves fossiles tout en étendant leurs infrastructures d’exportation. En investissant massivement dans le pétrole et le gaz de schiste, ces groupes exploitent les bassins américains comme le permien et l’Eagle Ford pour répondre à une demande énergétique qui reste forte malgré les discours en faveur de la transition.
ExxonMobil, par exemple, a récemment finalisé l’acquisition de Pioneer Natural Resources, un acteur clé du gaz de schiste. Cette opération, évaluée à plus de 60 milliards de dollars, renforce sa position dominante dans le bassin permien, qui produit à lui seul près de 5 millions de barils par jour. De son côté, Chevron a augmenté ses investissements dans l’Arctique et d’autres zones difficiles d’accès, malgré les risques environnementaux colossaux. Quant à ConocoPhillips, l’entreprise mise sur l’Alaska avec le controversé projet Willow, une exploitation pétrolière qui pourrait émettre plus de 280 millions de tonnes de CO2 sur son cycle de vie.
Profits colossaux et impacts irréversibles
Cette nouvelle ruée vers l’or noir ne s’arrête pas à l’exploitation des ressources. Les géants américains se positionnent comme des leaders de l’exportation grâce à des infrastructures comme Sea Port Oil Terminal ou Plaquemines LNG. Ces projets facilitent l’accès aux marchés asiatiques et européens, ce qui consolide la suprématie énergétique américaine.
Mais cette dynamique soulève de graves préoccupations environnementales. La fracturation hydraulique, utilisée pour extraire le gaz de schiste, engendre une pollution massive des nappes phréatiques et des émissions incontrôlées de méthane. Les zones d’extraction, souvent situées à proximité de communautés vulnérables, subissent des impacts dévastateurs sur leur santé et leur environnement. Par ailleurs, l’exploitation dans des zones sensibles comme l’Arctique ou l’Alaska menace directement des écosystèmes déjà fragilisés par le réchauffement climatique.
À ces dégâts locaux s’ajoute l’impact global. En multipliant les projets fossiles, Chevron, ExxonMobil et ConocoPhillips verrouillent le monde dans une dépendance énergétique incompatible avec les objectifs de l’Accord de Paris. Les émissions générées par ces projets contredisent les promesses de neutralité carbone tout en renforçant les déséquilibres climatiques.
Encadré Les chiffres clés de la ruée fossile : Acquisition de Pioneer Natural Resources par ExxonMobil : 60 milliards de dollars Projet Willow en Alaska : 280 millions de tonnes de CO2 prévues sur le cycle de vie Investissements de Chevron dans l’Arctique : plusieurs milliards de dollars