À travers une série d’articles, Liberté Actus vous propose de découvrir tous les enjeux et les défis liés à cette révolution silencieuse qui pourrait profondément modifier notre rapport à l’énergie nucléaire et décarbonée.
Un élément discret aux propriétés extraordinaires
Logé dans la sixième période du tableau périodique, le thorium porte le numéro atomique 90. Ce métal lourd, légèrement radioactif, a été identifié en 1828 par le chimiste suédois Jöns Jacob Berzelius, qui lui donna le nom du dieu nordique du tonnerre, Thor.
Le tableau périodique classe tous les éléments chimiques connus en fonction de leur nombre de protons (numéro atomique) et de leurs propriétés chimiques. Des lignes horizontales (périodes) regroupent les éléments selon l’augmentation du numéro atomique tandis que les colonnes verticales regroupent les éléments aux comportements chimiques similaires.
Le thorium (Th, numéro atomique 90) appartient à la famille des actinides, une série spéciale d’éléments lourds, placée souvent sous le tableau principal pour plus de lisibilité.
Contrairement à l’uranium-235, directement fissile, le thorium-232 nécessite une conversion préalable. Lorsqu’il est bombardé de neutrons, il se transforme en uranium-233, capable de soutenir une réaction en chaîne contrôlée. Ce processus lui confère un avantage considérable : sa quasi-inutilité à des fins militaires limite fortement les risques de prolifération nucléaire.
Autre atout majeur, il est trois à quatre fois plus abondant que l’uranium dans la croûte terrestre et présent sur tous les continents. Ses ressources ne sont pas concentrées dans un petit nombre de pays, ce qui en fait un vecteur possible d’indépendance énergétique à l’échelle mondiale.
Une promesse d’énergie décarbonée et maîtrisable
Utilisé dans des réacteurs à sels fondus — où il est dissous dans un liquide circulant à haute température — il offre des perspectives de sûreté : réduction drastique des déchets radioactifs à vie longue, arrêt automatique de la réaction en cas de problème, et suppression du risque d’explosion.
Mieux encore, ces réacteurs sont capables d’ajuster leur production en fonction de la demande, une qualité précieuse pour compléter l’intermittence des énergies renouvelables. À terme, cette technologie pourrait non seulement produire de l’électricité pour le réseau, mais aussi alimenter des navires marchands, des plateformes offshore ou des centres de calcul intensif pour l’intelligence artificielle, le tout avec un très faible impact carbone.
Reste toutefois à résoudre des défis techniques, notamment la résistance aux sels fondus très corrosifs et la mise au point de matériaux capables de durer plusieurs décennies dans des environnements extrêmes.