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Marché de l’énergie

L’OPEP+ joue la baisse pour étouffer le schiste américain

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Mise à jour le 16 mai 2025
Temps de lecture : 4 minutes

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BRICS Énergie OPEP

Face à une demande hésitante et des prix en berne, l’OPEP+ annonce une hausse de sa production. Une décision offensive qui vise directement la rentabilité du pétrole non conventionnel américain, et intensifie la bataille pour le contrôle du marché mondial.

Dans un mouvement inattendu, huit membres de l’OPEP+ ont décidé d’accroître leur production collective de pétrole de 411 000 barils par jour dès le mois de juin. Une inflexion majeure, alors que le plan initial ne prévoyait qu’une hausse modeste de 137 000 barils.

L’OPEP+ frappe fort malgré la baisse des cours

L’Arabie saoudite, la Russie, l’Irak, les Émirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan, l’Algérie et Oman sont concernés. Selon Jorge Léon, analyste chez Rystad Energy, ce changement de cap constitue une véritable « bombe nucléaire sur le marché pétrolier ».

Qu’est-ce que l’OPEP+ ?

L’OPEP+ est une alliance élargie des pays producteurs de pétrole. Elle regroupe les 13 membres de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole), fondée en 1960, et 10 pays partenaires non membres, dont la Russie, le Kazakhstan et le Mexique. Cette coalition est née en 2016 pour mieux coordonner les niveaux de production et stabiliser les prix du brut.

En représentant plus de 40 % de la production mondiale, l’OPEP+ dispose d’un levier majeur sur les cours du pétrole. Ses décisions, qu’il s’agisse d’augmenter ou de réduire l’offre, ont un impact immédiat sur les marchés et influencent les équilibres énergétiques globaux.

Cette offensive intervient dans un contexte où les prix du brut sont orientés à la baisse. Le Brent a ainsi chuté de 6,6 % en une journée, atteignant son plus bas niveau depuis fin 2021. Ce paradoxe — produire plus dans un marché déprimé — révèle une stratégie agressive de reconquête. L’objectif  ? Réduire les marges de rentabilité des producteurs concurrents, notamment les entreprises américaines de pétrole de schiste, très sensibles aux variations de prix.

Les États-Unis misent sur l’hyperproduction

Depuis la présidence Trump, la stratégie énergétique américaine repose sur l’abondance : soutien massif à la production nationale, réduction des importations et développement du pétrole de schiste. Aujourd’hui, les États-Unis produisent environ 13 millions de barils par jour, loin devant l’Arabie saoudite (9 millions). Ce leadership repose sur un modèle plus vulnérable aux cycles de prix : le pétrole non conventionnel est plus coûteux à extraire, avec un seuil de rentabilité souvent estimé autour de 60 à 65 dollars le baril.

C’est précisément cette zone de fragilité que cible l’OPEP+ avec sa stratégie de surproduction. En accentuant la baisse des cours, l’organisation vise à rendre non compétitive une partie de l’offre américaine. Si les prix se maintiennent sous ce seuil critique, certaines exploitations, notamment les puits marginaux du Texas et du Dakota du Nord, pourraient être mises en sommeil, réduisant mécaniquement l’offre américaine à moyen terme.

Mais la riposte américaine ne passe pas uniquement par le volume. L’industrie du schiste continue d’investir dans l’automatisation, la réduction des coûts opérationnels et l’optimisation logistique, dans l’espoir de rendre la production rentable même dans un environnement de prix bas. La rivalité entre l’OPEP+ et les États-Unis prend ainsi la forme d’une lutte d’endurance industrielle, où chaque acteur teste la résilience de l’autre.

Plusieurs membres de l’OPEP+ font partie du groupe des BRICS élargis

L’Arabie saoudite, la Russie, les Émirats arabes unis et l’Iran ont rejoint ou manifesté leur rapprochement avec cette coalition de pays émergents. Cette convergence entre poids lourds énergétiques et puissances émergentes pourrait renforcer leur coordination stratégique face aux pays occidentaux, notamment sur les marchés pétroliers, mais aussi dans le système financier international.

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