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Fred Mantel/shutterstock
Nucléaire

L’EPR et les gens du Monde

Accès libre
Mise à jour le 7 août 2024
Temps de lecture : 2 minutes

Juste après l’autorisation donnée par l’Autorité de Sureté Nucléaire au chargement du combustible de l’EPR Flamanville, Le Monde a choisi de consacrer sa rubrique « Les décodeurs », dédiée au « décryptage » de l’information, au retard qu’a connu la construction de l’EPR et au dérapage de son coût (multiplié par 4 par rapport aux prévisions initiales).

On aurait attendu d’une telle rubrique une explication sur les raisons pour lesquelles les 2 EPR chinois ont été livrés bien avant celui de Flamanville, alors que leur construction avait été décidée postérieurement. On aurait attendu des comparaisons de prix entre les différentes filières de production d’électricité pour savoir si, au final, le kWh produit coûtera si cher que cela. On aurait pu imaginer, soyons fou, des révélations sur la part des profits dans ces surcouts. On aurait cru que le premier retard calamiteux serait évoqué : les 8 années perdues du fait du refus du gouvernement Jospin de lancer la construction de l’EPR en 1999. On cherchera en vain tout cela à la lecture de cet article censé nous aider à décoder l’actualité.

Le même jour, pour enfoncer le clou, un autre article du Monde titre sur « les commandes qui se font attendre » avec en sous-titre « les réacteurs opérationnels et ceux en construction ont majoritairement enregistré des retards  ».

Rappelons que l’EPR condense toutes les améliorations de sécurité prescrites après des décennies de fonctionnement des centrales nucléaires, qu’il peut utiliser du combustible issu de déchets recyclés, qu’il contribuera avec les EPR à venir à ce que nous ayons une électricité décarbonée, dans le respect des accords internationaux, jusqu’à la deuxième moitié du 21ᵉ siècle, que cette technologie est déjà regardée par bien d’autres pays, outre la Grande-Bretagne, la Chine et la Finlande, comme un des moyens possibles pour diminuer radicalement les émissions de CO₂. Ce n’est pas rien ! Cela méritait au moins un petit bravo pour saluer l’œuvre collective réalisée par les concepteurs et constructeurs de l’EPR, les salariés de toutes les entreprises publiques ou privées qui y ont contribué. Le Monde n’a pas voulu lâcher ce coup de chapeau et préfère poursuivre dans « l’EPR bashing » qui est en fait du « travail bashing », autrement dit du mépris de classe.

On pourrait maintenant modifier très légèrement la citation où Proust disait son admiration pour les électriciens et son dédain des gens du monde, en y ajoutant une majuscule : « J’ai assez fréquenté les gens du Monde pour savoir que ce sont eux les véritables illettrés et non les électriciens ».

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