Habituellement, les prix de l’électricité en Allemagne varient entre 60 et 80 euros/MWh. Mais ce mercredi, le pic de demande en fin de journée a provoqué un bond brutal des prix, atteignant 820 euros/MWh à 17 heures. Une heure plus tard, ils étaient redescendus à 450 euros/MWh, avant de se stabiliser autour de 100 euros.
Industries et ménages impactés
Bien que courte, cette flambée affecte l’industrie, notamment les secteurs les plus énergivores tels que la chimie ou la métallurgie.
L’explosion des coûts s’explique par plusieurs facteurs. D’abord l’arrivée du froid qui accroît la demande énergétique, surtout en fin de journée. Pour combler les besoins de production non couverts, l’Allemagne doit recourir aux centrales thermiques au fioul et au gaz, très coûteuses. Ce recours au gaz, souvent importé, expose le pays aux aléas des prix mondiaux et aux tensions géopolitiques.
Les répercussions de cette crise ne se limitent pas aux entreprises : les ménages allemands, déjà confrontés à des hausses tarifaires, ressentent aussi les effets. Cette pression énergétique contribue à l’inflation, amplifiant les tensions sociales. Sur le marché européen de l’électricité, intégré, les hausses de prix en Allemagne affectent aussi les autres pays interconnectés.
Le « Dunkelflaute » et l’arrêt du nucléaire
Le terme « dunkelflaute » se traduit par « sombre marasme ». Il délimite les périodes où les conditions météorologiques sont défavorables pour les énergies renouvelables, en particulier l’éolien et le solaire. Lorsque le vent est faible et que le soleil est absent, la production d’électricité renouvelable diminue fortement, ce qui met le système énergétique sous pression, surtout dans un pays comme l’Allemagne, qui dépend largement de ces sources pour son approvisionnement électrique.
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Ces périodes de « dunkelflaute » deviennent problématiques en hiver, lorsque la demande énergétique est plus élevée et que les alternatives sont limitées. Sans production suffisante d’énergies renouvelables, les prix de l’électricité peuvent exploser, et le recours à des centrales thermiques coûteuses, comme celles au fioul, devient inévitable.
L’arrêt progressif du nucléaire a été l’une des décisions les plus marquantes de la politique énergétique allemande. Initiée dans les années 2000, cette décision visait à remplacer les centrales nucléaires par des sources d’énergie renouvelables.
Le nucléaire offrait à l’Allemagne une source de production stable et peu émettrice de CO₂, capable de fournir de l’électricité de manière continue, indépendamment des conditions climatiques. Son abandon a laissé un vide dans le mix énergétique, aujourd’hui difficilement comblé par les renouvelables et, en période de tension, par des centrales au charbon notamment.
Ce choix rend l’Allemagne plus dépendante des énergies intermittentes, et donc vulnérable aux variations de production lors des périodes de « dunkelflaute ».