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Katie Manchester/shutterstock
Dunkerque

Débat public autour de l’éolien off-shore

Accès libre
par Sethi
Mise à jour le 7 août 2024
Temps de lecture : 5 minutes

Quarante-six tours Eiffel plantées face à Dunkerque et à la Belgique, c’est ainsi que les détracteurs du projet le présentent. Et ils sont nombreux – et hétéroclites – puisque marchent côte à côte en manifestation les associations de défense de l’environnement comme Sea Shepherd, des citoyens engagés dans l’association Vent Debout 59, des militants de tous bords politiques, des chasseurs, des marins pêcheurs, etc.

Le projet prévoit ainsi la création d’un parc de 46 éoliennes de 300 m à 10 km de la côte d’Opale, pouvant développer une puissance électrique maximale de 500 Mwh, corrigés à 200 en tenant compte de l’intermittence de cette énergie. Pour y parvenir, ce sont des quantités colossales de matériaux rares et polluants qu’il va falloir acheminer en pleine zone Natura 2000. Ainsi, le collectif Vent Debout 59, qui rassemble les opposants au projet, liste sur le plan écologique : l’extraction de métaux rares, l’immersion de quantités phénoménales de béton pour construire les fondations des éoliennes, l’érosion et donc la libération des polluants tout au long du cycle de vie des éoliennes (huiles, aluminium, cadmium, zinc, gallium, indium, bisphénol A, etc) à proximité de zones de pêche à pied, les effets du chantier sur la faune sauvage, sans compter l’incapacité de recyclage…

L’éolien, piège à argent public

Dans son rapport de 2018, la Cour des Comptes pointe les 121 milliards d’engagements publics pour soutenir une filière inefficace et qui ne crée que peu d’emplois au prorata de ce que cela coûte aux contribuables. Le président de la Commission d’enquête de l’Assemblée, Julien Aubert, pointait quant à lui lors d’un débat public que « la France dépense beaucoup d’argent pour remplacer une énergie décarbonée – le nucléaire – produite avec des emplois industriels en France, par une autre énergie décarbonée — l’éolien- qui favorise les entreprises des pays voisins. En termes de création d’emplois, 60 % de la valeur ajoutée part ailleurs à l’étranger. Bref, l’incidence industrielle est mauvaise ».

C’est la raison pour laquelle les industriels du pétrole et du gaz soutiennent autant les projets éoliens : du fait de l’intermittence de cette énergie, elle nécessite l’installation de sites de production d’électricité carbonée. Mais cette énergie est surtout l’occasion de capter des subventions, comme en témoigne le rapport du Cérémé de 2022 : l’éolien en France rapportait en 2020 3,5 Mds d’euros, dont 2,3 Mds de subvention publique.

À Dunkerque, après EDF Renouvelables, actionnaire à hauteur de 40 %, on trouve Enbridge, une société détenant 30 % des parts et elle-même possédée par la Société Pétrolière du Canada, aux côtés de deux des trois plus grands fonds d’investissement américains…

Toujours pas de référendum, mais une enquête publique

Après plusieurs consultations organisées par la Commission nationale du débat public ou par RTE, une nouvelle enquête publique a été ouverte le 8 avril dernier et court jusqu’au 18 mai. Pas de publicité de la part des élus de l’agglomération, ni de son Président, par ailleurs ministre des Transports. Malgré deux pétitions qui ont rassemblé respectivement 9 000 et 28 000 signatures, le recours en justice des villes Belges limitrophes, les référendums locaux perdus… Rien n’y fait, les défenseurs du projet restent convaincus d’avoir raison. Ils nient systématiquement toute contestation en l’assimilant à l’extrême droite, ce qui, in fine, la favorise sur un territoire où elle manquait d’ancrage…

L’enquête publique ouverte le 8 avril dernier s’achèvera le 18 mai prochain. Il ne reste donc plus que quelques jours pour donner votre avis. Si vous souhaitez y participer, c’est ici.

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