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Peter Hermes Furian/shutterstock
L’énergie cachée

Dans l’ombre de l’uranium, le réveil du thorium

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Nucléaire Thorium

Depuis deux siècles, le thorium est resté un élément discret de l’histoire de l’énergie nucléaire. Pourtant, ses propriétés uniques – abondance, sûreté, faible radioactivité – pourraient aujourd’hui en faire la clé d’une révolution énergétique mondiale.

En 1828, le chimiste suédois Jöns Jacob Berzelius isole un élément inconnu à partir d’un minerai norvégien, qu’il baptise « thorium » en hommage à Thor, le dieu nordique du tonnerre. Ce métal gris argenté intrigue par ses propriétés : une densité élevée, une stabilité exceptionnelle à haute température et une faible radioactivité naturelle. Pourtant, à l’époque, l’usage énergétique du thorium reste inimaginable. Le monde ne connaît pas encore l’atome, la radioactivité ni la fission nucléaire.

Le thorium, un métal découvert trop tôt ?

Il faut attendre la fin du XIXᵉ siècle pour que le thorium trouve un premier usage : les manchons à gaz incandescents, très prisés pour l’éclairage urbain avant l’électrification massive. Plus tard, dans les années 1930, la découverte de la fission de l’uranium ouvre la voie au nucléaire. Mais curieusement, le thorium est rapidement écarté : moins bien connu, plus difficile à transformer directement en combustible, il cède la place à l’uranium-235 et au plutonium, préférés pour des raisons militaires pendant la Seconde Guerre mondiale.

Dans les années 1950, quelques pionniers, notamment aux États-Unis et en Inde, tentent de développer des réacteurs nucléaires au thorium. L’idée est séduisante : au lieu d’utiliser directement un isotope fissile (comme l’uranium-235), on bombarde le thorium-232 pour le transformer en uranium-233, un excellent combustible nucléaire. Ce procédé pourrait offrir des centrales plus sûres, plus propres, et quasiment sans production de plutonium militaire.

Un cycle nucléaire prometteur mais négligé

Mais l’histoire joue contre le thorium. L’essor du nucléaire civil reste adossé aux technologies développées pour l’armement atomique : uranium enrichi et plutonium. Le thorium, incapable de générer directement des armes nucléaires à grande échelle, est laissé de côté. Les recherches, notamment au laboratoire d’Oak Ridge aux États-Unis, s’arrêtent dans les années 1970 faute de soutien politique.

Aujourd’hui, la situation change. Face aux risques de prolifération, aux problèmes de déchets à vie longue et aux besoins croissants en énergie décarbonée, le thorium retrouve un intérêt mondial. La Chine, l’Inde, la Norvège, et plusieurs start-up américaines ou européennes relancent les recherches, pariant sur cette ressource longtemps oubliée.

Thorium vs Uranium, quelles différences ?
Uranium-235 Thorium-232
Disponibilité Rare (0,7 % de l’uranium naturel) Abondant dans la croûte terrestre
Mode d’usage Directement fissile Doit être transformé en uranium-233
Déchets Déchets radioactifs à vie très longue Moins de déchets, radioactivité plus courte
Applications militaires Possible (plutonium) Très difficile (peu adapté aux armes)
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