Les décisions publiques sont peu communiquées aux trois millions de pêcheurs encartés dans leurs trois mille six cents associations. En France métropolitaine, 39 % des poissons d’eau douce (30 % en 2010), 28 % des crustacés d’eau douce et 23 % des amphibiens sont menacés d’extinction. En vingt ans, 44 % des truites de rivière ont disparu et 90 % des anguilles sont en danger critique d’extinction.
Un constat très alarmant
La loche d’étang, la lamproie, le chabot, le chevesne catalan, l’esturgeon, l’ombre commun, l’apron du Rhône, certains brochets sont classés de « vulnérables » à « en danger » par l’Agence française pour la biodiversité (AFB) et l’Union internationale de conservation de la nature. Idem pour le saumon atlantique « quasi menacé » comme 9 des 12 autres espèces de poissons migrateurs amphihalins (de mer et d’eau douce) en danger critique.
Sur les 108 espèces de poissons d’eau douce de France, l’AFB a passé au crible les 80 natives en écartant celles introduites en France après l’an 1500 comme la perche soleil, le gobie, le poisson-chat… Ces menaces de disparition s’accompagnent désormais d’une interdiction de consommer 60 % des poissons communément pêchés dont la liste diffère selon la pollution des cours d’eau dans lesquels ils vivent. Mais on trouve généralement les espèces les plus bioaccumulatrices comme les carpes, brèmes, barbeaux, silures, anguilles ; parfois toutes les espèces ou celles dépassant 900 g…
Les PCB, polluants éternels
En cause, les polychlorobiphényles (PCB), une famille de 209 composés aromatiques chimiques classés cancérogènes pour l’homme. Ils conduisent au développement de mélanomes malins, de lymphomes et de cancers du sein. L’alimentation est la première source d’exposition (à 90 %) aux PCB, surtout via les poissons, viandes, œufs et produits laitiers.
On suppute que les PCB ont des effets sur la reproduction des animaux comme des humains, mais on évite de pousser trop avant la recherche. Une étude des services de l’État en 2020 montrait que 13 % des pêcheurs avaient consommé des poissons pollués aux PCB. Une attitude criminelle avec des côtés parfois ironiques. Nous avons en France un président de la République qui appelle « au réarmement démographique » mais qui refuse de combattre les pollutions qui développent l’infertilité… L’étude interministérielle de 2020 ne propose strictement rien en action de dépollution, sinon lancer de nouvelles études.
La recherche du profit maximum
Certains bassins sont plus touchés que d’autres par la pollution des PCB comme les Hauts-de-France, le Rhône de Lyon à Marseille, l’Île-de-France. Mais il en est d’autres puisque 56,90 % des eaux françaises ne sont pas en bon état écologique. On pense souvent aux pesticides et autres produits phytosanitaires de l’agriculture. C’est juste. Les pesticides conduisent à des traitements de plus en plus coûteux et ont contribué à la fermeture de près de 3.000 captages d’eau potable. Les nitrates contribuent à l’eutrophisation responsable de la dégradation des milieux naturels et de désordres écologiques majeurs dans diverses régions de France sur les zones dites vulnérables.
C’est juste mais incomplet. En France, c’est le choix d’une agriculture intensive, industrialisée même, qui a laminé nos espaces, détourné les cours d’eau, rasé et fait disparaître haies et zones humides, traités massivement aux produits chimiques… Justifiée après-guerre pour nourrir toute la population, cette politique sert aujourd’hui à exporter massivement, pour le profit financier, au point que la France n’est plus autosuffisante.
Solutions ou fuite en avant ?
L’industrialisation de l’agriculture et de l’élevage s’est accompagnée de l’artificialisation des terres et des rivières comme le bétonnage du fond et des berges, les cours d’eau enterrés… En France, 9 % des sols sont déjà artificialisés et 20 à 30.000 hectares supplémentaires le sont chaque année, soit à peu près 1 % tous les dix ans. L’équivalent d’un département français par décennie.
Derniers avatars en date de cette politique, les inondations qui ont frappé un peu partout depuis 2 ans. Il semble cependant que les leçons ne soient toujours pas tirées par l’État. Si des travaux sont engagés pour tenter de prévenir les prochaines catastrophes, notamment en curant les cours d’eau, y a-t-il eu partout les études obligatoires sur les vases extraites des rivières polluées, notamment par les PCB ? On l’espère, car des boues touchées par les « polluants éternels » contamineraient les champs sur lesquels elles sont actuellement épandues et avec eux les animaux d’élevage et le gibier qui s’y nourrissent. Comme on voit pour la raréfaction et la disparition des poissons, on est loin des pêcheurs qui jetteraient leurs papiers gras et leurs mégots dans l’eau. Ici encore, c’est la surexploitation de l’environnement avec les pollutions l’accompagnant qui sont en cause.
— 620.000 km de cours d’eau publics en métropole et outre-mer
— 18.000 km de côtes maritimes dont 32 % pour la métropole
— 18.000.000 de Français ont pêché au moins une fois au cours de l’année 2021
— 3.000.000 sont des pêcheurs réguliers (dont 1.500.000 dans les AAPPMA), à 80 % en eau douce
— 57 % des pêcheurs ont entre 18 et 44 ans
— 3.600 associations AAPPMA dans 94 fédérations
— 40.000 bénévoles
— 475 Ateliers Pêche Nature
— 145.000 stagiaires en 4.200 demi-journées sur la sensibilisation à l’environnement
— 64.000 scolaires en 4.150 demi-journées de sensibilisation
— 10.000 licenciés et 800 clubs au sein de la FFPS (pêche sportive)
— 1.000 salariés employés dans les grands travaux environnementaux à hauteur de 9 à 20.000.000 d’euros
— 550.000.000 € de chiffre d’affaires, 7.000 emplois et 1.200 points de vente de matériels de pêche
La pêche associative a un impact économique de plus de 2 milliards d’euros.
Sources : étude annuelle du Groupement de l’Industrie Française d’Articles de Pêche et chiffres de l’Association Agréée pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique.