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Christian Musat/shutterstock
C'est pas pour demain

Pas si facile de décarboner un bateau de pêche

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Mise à jour le 23 octobre 2024
Temps de lecture : 3 minutes

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Énergie Décarbonation

L’aide proposée par CMA CGM pour décarboner la flotte de pêche française est nettement insuffisante.

200 millions d’euros, c’est l’aide financière proposée par l’armateur CMA CGM à tous les secteurs de la filière maritime, dont 20 millions pour les sociétés de pêche prêtes à investir dans la décarbonation de leurs activités.

Cela semble beaucoup d’argent. C’est ce que prétend le secrétariat d’État chargé de la Mer. C’est ridiculement loin du compte selon les marins-pêcheurs.

Un ambitieux plan d’action sans moyens

Pour la filière maritime, la loi climat et résilience identifie les leviers de la décarbonation du secteur maritime et propose un scénario de transition de la filière.

  • L’efficacité énergétique : technologique, opérationnelle et l’écoconception.
  • Le changement d’énergie : recours à des énergies moins carbonées, biocarburants, e-carburants et propulsion par le vent.
  • La sobriété, principalement liée à la baisse de vitesse des navires.

Ce que l’État qualifie de « véritable plan d’action ambitieux qui témoigne de son engagement pour conduire une décarbonation complète et économiquement viable. Au-delà des enjeux environnementaux et de transition énergétique, la feuille de route révèle en effet une opportunité de développement économique avec de nombreuses créations d’emplois. Cette transformation du secteur ne sera possible qu’au travers d’un travail conjoint entre les acteurs de filière et l’État. » Beaucoup d’intentions louables, comme d’habitude. Mais les moyens ne suivent pas.

Des aides ridicules

L’intensité de l’aide maximale est de 75 % des dépenses totales d’une opération sur un bateau. Mais, elle ne peut être comprise qu’entre 30.000 € et 500.000 €. Or, un chalutier neuf de 18/20 mètres coûte entre 4 et 6 millions d’euros. On peut toujours effectuer des travaux d’aménagement.

Le problème à Dunkerque ou Boulogne est que la plupart des bateaux fonctionnent au gasoil, sont vieillissants, et mesurent entre 8.50 m et 15 m. En Europe, 81 % des bateaux de pêche font moins de 12 m.

On pourrait y installer trois conteneurs de batteries électriques... mais il ne resterait plus de place pour les marins-pêcheurs (et le poisson), déjà à l’étroit dans les conditions actuelles.

Sans moyens, pas de décarbonation

L’éthanol représenterait une solution intermédiaire temporaire. Mais son coût trop élevé impacterait trop les coûts de fonctionnement avec des répercussions terribles sur les prix. Ce qui ravirait les armateurs de bateaux-usines qui ravagent nos côtes à moindre coût. Sans aller jusque-là, les bateaux d’une puissance supérieure à 171 kilowatts heure devront installer un filtre à particules qui coûte plus de 100.000 euros.

Pour certaines organisations de patrons marins-pêcheurs, la solution serait de réviser la réglementation européenne anti-pollution. Et pourquoi pas de supprimer toute réglementation tant qu’on y est ?

La solution n’est pas là, mais il est vrai qu’elle exige qu’on se batte pour obtenir les moyens d’une pêche propre, durable qui permette de vivre de son métier. Un véritable plan d’action ambitieux nécessite donc beaucoup plus de moyens, des réglementations qui privilégient la pêche artisanale et sanctionnent les produits des bateaux-usines ainsi qu’une réelle politique de recherche et de développement afin de produire du carburant vert en quantité suffisante et à un prix raisonnable comme le souhaitait dernièrement le directeur général du port de Boulogne.

Malgré les discours pompeux du gouvernement, la décarbonation de nos pêcheries n’est donc pas pour demain.

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