Selon l’Agence européenne de surveillance de la santé animale, dix pays de l’Union et la Grande-Bretagne ont déjà signalé des foyers, principalement en Pologne, en Espagne et en Allemagne. C’est la première fois depuis dix ans qu’une telle diffusion est constatée si tôt dans la saison. En France, deux nouveaux foyers ont été confirmés cette semaine, poussant le ministère de l’Agriculture à activer le niveau de risque « élevé » : claustration obligatoire des volailles, interdiction de rassemblements et contrôles renforcés.
La menace pour l’être humain reste faible, mais la multiplication des cas chez les mammifères inquiète les autorités sanitaires. L’Organisation mondiale de la santé appelle à une « vigilance constante », redoutant une possible mutation inter-espèces.
La filière avicole sous tension à l’approche des fêtes
L’enjeu n’est pas seulement sanitaire. La filière avicole, déjà éreintée par les crises successives depuis 2021, redoute une nouvelle hécatombe.
Les services vétérinaires français estiment qu’un million de volailles pourraient être abattues d’ici fin novembre si le rythme actuel se maintient. Dans le Sud-Ouest, les producteurs de foie gras craignent de revivre les fermetures massives de 2022. Dans le Nord, les élevages de pondeuses et de dindes sont déjà sous surveillance renforcée. La filière redoute un nouvel effondrement des marges alors que les coûts d’alimentation et d’énergie restent élevés.
Pour tenter d’enrayer la contagion, la France poursuit sa campagne de vaccination des canards – la troisième depuis 2023 –, devenant ainsi le seul grand exportateur à déployer une stratégie nationale. Paris assure que cette politique a permis de freiner la maladie, mais certains partenaires commerciaux, au Japon et en Corée du Sud notamment, ont suspendu leurs importations de volailles françaises par précaution.
La Commission européenne a rappelé le principe des « zones réglementées » pour éviter des interdictions générales d’échanges. Mais la perspective de nouvelles pertes pèse déjà sur un secteur fragilisé. Les abattoirs anticipent des pénuries et les distributeurs redoutent une hausse des prix à la consommation à l’approche des fêtes.
Depuis deux ans, la grippe aviaire est devenue un risque structurel pour l’agriculture européenne. Son coût se chiffre désormais en centaines de millions d’euros et en dizaines de millions d’animaux abattus. Chaque automne, le même scénario se répète, des foyers précoces, des élevages confinés, des filières déstabilisées.