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Inondations et Prévention

L’incurie du gouvernement à l’œuvre

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Mise à jour le 5 juillet 2024
Temps de lecture : 3 minutes

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Environnement

Cet hiver, le Pas-de-Calais n’a pas été épargné par les inondations. Bassins de l’Aa, de la Lys, de la Liane, de la Canche ont subi plusieurs épisodes parfois catastrophiques. Les commentateurs ont chaque fois mis en cause le réchauffement climatique. C’est oublier les conséquences du transfert des compétences de l’État aux collectivités locales.

En 2018, le Gouvernement transférait aux intercommunalités la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations. Pour le bassin de l’Aa par exemple, des dizaines de kilomètres de fossés et canaux ont été déclassés par l’État par l’intermédiaire de Voies Navigables de France. Leur entretien a été transféré aux intercommunalités, mais sans moyens nouveaux, si ce n’est de lever un nouvel impôt : la taxe pour la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations (Gemapi).

Coupes budgétaires

Par manque de moyens, des kilomètres de fossés n’ont plus été entretenus. Dès 2017, des syndicalistes paysans et des élus alertaient sur les risques encourus : « Toute une région est menacée pour quelques kilomètres à curer. Tôt ou tard, le territoire va être noyé.  » Retirer un million d’euros à la prévention entraînera un milliard d’euros de dégâts, dénonçaient-ils. Aujourd’hui, on parle de plus de 900 millions d’euros de dégâts dans le Pas-de-Calais ; quand le bilan complet tombera, le milliard d’euros sera dépassé (environ 6 milliards d’euros de dégâts pour toute la France). Fatalité ?

Et pourtant le Gouvernement persévère. L’an dernier, en 2023, le budget de l’État pour la Prévention du Risque Inondation s’élevait à 250 millions d’euros. En 2024, il baisse à 220 millions d’euros. Le Président de la République, le Premier ministre, le ministre de l’Intérieur sont venus pleurer dans le Pas-de-Calais et dire leur soutien aux victimes, avec 30 millions d’euros de moins dans le budget. Et l’on sait déjà que les coupes sombres seront encore plus importantes dans le budget 2025.

Manque d’entretien

Actuellement, des travaux de curage sont effectués en urgence dans les divers bassins du Pas-de-Calais  ; un tronçon par-ci, un tronçon par là ; sans réflexion globale. « On va au plus pressé » dit un professionnel ; « c’est de la poudre aux yeux pour calmer la colère des victimes, précise un salarié de Voies Navigables de France, parce qu’on ne prend pas en compte la globalité du problème. »

Quand il pleut trop sur les collines de l’Artois, la Lawe puis la Lys sont impactées. On utilise alors le bassin de l’Aa comme réceptacle du surplus du bassin de la Lys. Mais comme on n’a pas entretenu suffisamment le bassin de l’Aa, le transfert ne peut se faire. C’est l’impasse puis les inondations généralisées, comme cet hiver.

Si le réchauffement climatique impacte la densité des pluies, il n’explique pas la gravité des dégâts. Le manque d’entretien de nos fossés, canaux et rivières freine l’écoulement des eaux vers la mer, il est la première cause des dégâts actuels. Et le Gouvernement refuse de regarder cette vérité en face. Fatalité  ? Certainement pas. Incurie  ? À vous de conclure.

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