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ArcelorMittal Dunkerque

Rentrée particulièrement morose pour les salariés

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Mise à jour le 9 octobre 2025
Temps de lecture : 4 minutes

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Industrie Dunkerque Sidérurgie ArcelorMittal CGT Syndicalisme

L’annonce, hier 17 septembre, par le groupe ArcelorMittal, de son retrait d’un projet de trois fours à chaux « décarbonés », près de son site sidérurgique de Dunkerque ne change rien pour l’avenir de ce dernier.

Par-delà l’effet d’annonce du géant sidérurgique, il faut de toute façon savoir que la production de chaux existe déjà dans la région. À Rety, dans le Pas-de-Calais, la société Chaux et Dolomies du Boulonnais (CDB), du groupe belge Lhoist, peut produire un peu plus de 600 000 tonnes de chaux par an et répond largement aux besoins d’ArcelorMittal Dunkerque (300 000 tonnes/an environ). Elle emploie plus de 70 salariés et elle est le plus important site de production de chaux en France. Qui plus est, cette usine est déjà en voie de décarbonation et a décroché, en janvier 2023, une aide de 120 millions d’euros par le fonds d’innovation européen afin de décarboner sa production via un procédé innovant de captage du CO2.

Quelle influence peut donc avoir le retrait d’un nouveau projet (qui ne prévoit qu’une vingtaine de salariés) sur l’avenir d’ArcelorMittal Dunkerque (AMD)  ? Le groupe ferait mieux de se concentrer sur son propre plan de décarbonation de l’usine dunkerquoise. Mais ce plan est suspendu depuis fin 2024 (il porte sur un investissement de 1,2 milliard d’euros pour un premier four électrique) et le sidérurgiste dit attendre des mesures de Bruxelles pour protéger l’acier européen de la concurrence chinoise.

Négociations sur des miettes

Nous avons déjà écrit et démontré, dans ces colonnes, que la concurrence chinoise est un mauvais prétexte et qu’il faut plutôt considérer la concurrence générée par Mittal lui-même, en Inde et au Brésil. Une chose apparaît certaine : l’avenir pour les salariés de Dunkerque est de plus en plus sombre.

En avril dernier, ArcelorMittal a annoncé la suppression de 600 postes en France, dont environ la moitié sur son site dunkerquois. Depuis, la CGT d’AMD se bat pied à pied contre le premier PSE (le bien mal nommé « Plan de sauvegarde de l’emploi »). La CFDT et la CFE-CGC ont déjà signé un plan de reclassement interne, la semaine dernière. « La direction proposait 3 600 euros de prime pour les volontaires, les syndicats signataires ont signé à 4 000 euros. Ils négocient des miettes ! » regrette le secrétaire de la CGT de l’usine, Gaëtan Lecocq. La direction du travail, elle-même, a retoqué le plan à deux reprises, tant il allait à l’encontre du droit du travail.

« Au sein de l’usine, l’ambiance est détestable », constate Gaëtan Lecocq. « Nous avons appelé à un débrayage la semaine dernière et plusieurs lignes ont été arrêtées. Nous continuons par ailleurs à expliquer ce qu’il se passe aux salariés. Mais sur le constat, hélas, nous avons raison depuis plus d’un an ».

Démissions

Il en est convaincu, le plan de décarbonation ne sera jamais mis en œuvre et l’avenir du site en subira les conséquences et avec lui, l’ensemble de la région dunkerquoise. « Lorsque je disais cela, on me riait au nez. J’aurais préféré passer pour un idiot, mais la réalité nous rattrape, même si les politiques nous écoutent désormais. » Cet été, Gaëtan Lecocq est encore allé à leur rencontre lors des universités d’été des partis, sans oublier la fête de l’Humanité. « Il faut faire vite », dit-il.

En attendant, dénonce encore le syndicaliste, les équipes sont de plus en plus dépouillées, la sécurité est de moins en moins assurée. En juillet dernier, la responsable du dialogue social, une dunkerquoise de 45 ans pur produit de l’entreprise, a remis sa démission. « Comme d’autres cadres avant elle, elle a sans doute refusé de faire le sale boulot ou d’assurer des missions qu’elle désapprouvait. » Il y a un mois, un chef de service a également remis sa démission.

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